Réjouis-toi Jérusalem

En ce dimanche de Laetare le violet se teinte de lumière pour devenir rose et nous sommes relancés dans notre marche à mi-parcours du carême. Certains diront qu’il n’a pas commencé… Il n’est jamais trop tard ! Souvenons-nous de la parabole du figuier dimanche dernier. La charité nous presse, l’amour prend patience. D’autres se demandent où nous conduit ce chemin de carême ? Souvenons-nous de la Transfiguration il y a deux semaines : avec les apôtres nous contemplons la gloire de Dieu, la lumière du Christ ressuscité brillant dans l’obscurité des jours, dans l’humilité de la chair. Rappelons-nous le premier dimanche de carême : la tentation porte toujours sur le don de Dieu, que nous risquons d’oublier. L’aumône, la prière et le jeûne, commandés par l’Evangile du jour des cendres, nous sont donnés pour vaincre cette tentation d’amnésie et ressusciter notre mémoire.

« Si je t’oublie Jérusalem… si je n’élève Jérusalem au sommet de ma joie ». N’oublions pas la joie de Jérusalem, la joie de l’Eglise, jusque dans ses pauvretés et les péchés de ses membres, la joie d’accompagner les catéchumènes et de replonger avec eux dans la grâce et la mission de notre baptême. Nous ne pouvons pas oublier la joie de pouvoir célébrer bientôt la semaine sainte et déjà chaque dimanche et chaque jour la résurrection comme à l’époque de Josué après l’exode, ou d’Esdras après l’Exil. Si nous jeûnons c’est pout ne pas oublier la joie de recevoir l’Eucharistie, le pain de la vie, et tous les biens de la création, signes de la générosité de Dieu que nous désirons partager avec d’autres. « Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur ». Qui allons-nous inviter à goûter cette bonté de Dieu lors du dimanche des curieux dans deux semaines ?

Ne nous privons pas de la joie du pardon, reçu et transmis, laissons à Dieu la joie de nous pardonner. Le jeûne libère de l’espace en nous pour que la parole de réconciliation déposée en nous puisse porter tout son fruit. Nous ne pouvons oublier la paternité de Dieu. « Un homme avait deux fils… » : nous sommes l’un et l’autre, publicains et pharisiens, capables de désordre et de révolte, capables de jalousie et de récriminations. Fils prodigue et fils aîné, le Père sort à notre rencontre, il nous apprend le sens du jeûne afin de guérir en nous l’image de Dieu parfois abîmé, oubliée. Nous ne jeûnons pas pour obtenir quelque faveur de Dieu, mais pour retrouver la source de la vie, ce lieu secret où le Père ne cesse de nous enfanter.

Père Jean-Baptiste Arnaud

Espérer dans la souffrance

L’Évangile de ce dimanche nous confronte brutalement à la question du mal. S’appuyant sur deux événements historiques de l’époque, un massacre de galiléens par Pilate et l’accident de la tour de Siloé, Jésus nous l’affirme avec force : le malheur qui nous arrive n’est pas une punition divine. Ces victimes n’étaient pas plus pécheresses que les autres. Notre Dieu n’est pas un Dieu de vengeance qui nous inflige la souffrance à cause de nos erreurs. 

Mais alors, d’où vient la souffrance ? La souffrance est et restera toujours un scandale. Elle est l’œuvre du démon qui cherche à nous stopper dans notre course vers le Ciel. Mais la puissance divine réside en ce que Dieu seul est capable d’en tirer du bien. Tel le vigneron de l’Évangile qui, au-delà de sa vigne, s’inquiète pour un figuier fatigué, le Seigneur vient bêcher et soigner nos cœurs souffrants, même les plus étrangers à son Royaume, toujours empli d’espérance qu’ils portent à nouveau de bons fruits. Oui, face à la question du mal, Dieu nous invite à passer du “pourquoi ?” au “pour quoi ?”, c’est-à-dire d’en chercher un sens, plutôt qu’une cause. 

Dans quelques semaines le Christ nous le montrera, lui qui n’est pas venu pour justifier la souffrance mais qui la subira, lui qui n’est pas venu expliquer la croix, mais qui s’y étendra. Ainsi nous comprenons que lorsque nous souffrons, Dieu n’y est pour rien, mais bien plutôt qu’en la Personne de Jésus, Il souffre avec et pour nous. Là est notre force !

Père François Bouchard

Le synode à Saint-Louis en l’Ile

Pourquoi un synode ?

Notre pape François se préoccupe que l’Église encourage et soigne sa mission de faire briller la lumière du Christ et qu’elle soit purifiée de ce qui pourrait la freiner et l’empêcher de parler à tous les hommes et à toutes les femmes. C’est dans cette optique là que le Pape François nous demande de participer à ce qu’il appelle un synode universel, c’est à dire à une assemblée de tous les membres de l’Église pour que la voix du Saint Esprit qui souffle dans les cœurs des fidèles soit bien entendue par notre Pape et nos évêques. Avec tout le peuple de Dieu nous sommes invités à une démarche synodale. Le terme synode signifie littéralement à « un chemin commun » pour réfléchir et intensifier la manière dont nous vivons notre baptême.

Trois mots-clés nous sont donnés par le saint Père : participation, communion, mission. Interrogeons-nous sur chacun d’eux, pour discerner à quoi nous sommes appelés et où nous en sommes, dans la participation à la vie de trinitaire comme au quotidien de notre paroisse, dans la communion fraternelle concrète et accueillante ainsi que dans la prière et l’amitié avec le Seigneur, dans la mission de témoigner de la joie de l’Evangile auprès de tous et spécialement de ceux qui ne connaissent pas le Christ.

Pour faire synode nous vous proposons de nous réunir par petits groupes au sein de nos paroisses pour « se parler, s’écouter, discerner et proposer.» Les comptes rendus des synodes paroissiaux seront portés aux évêques et finalement au Pape.

Les questions principales à aborder pendant la consultation 

Ce Synode pose la question fondamentale suivante : Une Église synodale, en annonçant l’Évangile, “fait route ensemble”. Comment ce “cheminement ensemble” se passe-t-il aujourd’hui dans notre paroisse ? Quelles étapes l’Esprit nous invite-t-il à prendre pour grandir dans notre “cheminement commun” ? En répondant à cette question, nous sommes invités à nous souvenir de nos expériences : Quelles expériences de notre paroisse cette question nous rappelle-t-elle ? Relire ces expériences de manière plus approfondie : Quelles joies ont-elles procurées ? Quelles difficultés et quels obstacles ont-ils rencontrés ? Quelles intuitions ont-elles suscitées ? En quoi votre désir de participation à la vie de l’Eglise est-il déçu ? Par exemple : Ce qu’il me manque, c’est… Là où mes attentes sont déçues… Là où je suis blessé… 

Cueillez les fruits pour les partager  

Où, la voix du Saint-Esprit résonne-t-elle dans ces expériences ? Qu’est-ce que l’Esprit nous demande ? Quels sont les points à confirmer, les perspectives de changement, les étapes à franchir ? Où enregistrons-nous un consensus ? Quels sont les chemins qui s’ouvrent pour notre paroisse ? 

À la suite de nos échanges, identifiez au moins 3 à 4 propositions pour la vie de l’Eglise et au sein de notre paroisse,. Pour cela, choisissez : des petits pas, des idées, des pistes et des actions précises et concrètes. 

Robert Mc Keon, diacre

Le Carême

Quarante jours pour préparer Pâques ! … Nous disons bien “Pâques avec le Carême” c’est à dire plus de bonbons, plus de vin, plus de confiture … ! 

Avant de décider, écoutons le Christ : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » (Apoc 3, 20) Il s’agit bien d’ouvrir nos cœurs, de sortir du “tout bien,” du “tout fait”. Nos efforts resteront-ils des formalités sans grande valeur … ?

Faisons travailler le Saint Esprit en lui demandant ce qu’il faut faire : quel divertissement allons-nous supprimer pour avoir le temps de lire les évangiles, de visiter le vieil oncle, de jouer avec le petit fils, de partager les soucis de l’autre …

« Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra.» (Mt 6,6) 

Pour être avec le Seigneur, avons-nous la volonté et l’amour d’entrer dans nos cœurs tous les jours pour une dizaine de minutes ? Ces petites minutes passées avec Jésus ne sont pas inutiles, comme une fleur, comme une plante qui s’ouvre peu à peu, nous nous enracinerons en lui et notre Carême prendra de la substance. 

Nous pourrions par la suite demander au Christ s’il veut que nous fassions plus. Attention, ne soyons pas trop ambitieux, vouloir trop faire peut conduire à l’échec ! 

Restons petits et humbles. Accueillons et goûtons le Seigneur. Voilà un Carême en or.

Robert Mc Keon, diacre

C’est lui, le Christ, qui est notre paix : des deux, le Juif et le païen, il a fait une seule réalité ; par sa chair crucifiée, il a détruit ce qui les séparait, le mur de la haine ; il a supprimé les prescriptions juridiques de la loi de Moïse. Ainsi, à partir des deux, le Juif et le païen, il a voulu créer en lui un seul Homme nouveau en faisant la paix, et réconcilier avec Dieu les uns et les autres en un seul corps par le moyen de la croix ; en sa personne, il a tué la haine. Ep 2, 14-16

Ce matin, jeudi 24 février 2022, nous nous réveillons avec deux peuples chrétiens européens qui se font la guerre. Les fantômes d’un passé que nous aurions aimé oublier réapparaissent, comme déjà il y a 30 ans dans les Balkans. Trente ans après la chute du mur de Berlin un nouveau mur de la haine déchire notre continent bien aimé. 

Le mur de la haine n’aurait-il pas été détruit par le Christ Jésus ? Saint Paul se serait-il trompé ? Non, nous le savons, la victoire sur la haine, la violence et la mort a été remportée une fois pour toutes par le Christ sur la Croix. Mais cette victoire nous devons l’accueillir, la faire nôtre, la laisser détruire tous les germes de violence et de mort dont nous ne savons que trop qu’ils habitent notre cœur d’hommes et de femmes. Le pape François nous appelle en ce début de Carême à une journée de jeûne et de prière pour la paix. Ces armes, celles du jeûne et de la prière, peuvent sembler bien dérisoires quand les missiles hypersophistiqués s’abattent sur le berceau du poumon oriental du christianisme européen. Mais nous savons que c’est à ce niveau, celui du cœur, que se trouve la racine des haines et des guerres et que c’est à ce niveau que la puissance de vie et de paix jaillit du côté transpercé du Christ agit, et agit avec puissance. Mais son action n’est efficace que si nous lui ouvrons vraiment la porte de notre cœur, que si nous la laissons se déployer au plus profond de notre cœur d’homme et de femme. 

Il y a trente ans, un homme en blanc, par la seule force de la foi et de la vérité a contribué plus que tout autre à abattre un système mensonger et mortifère qui asphyxiait déjà une moitié de notre continent bien aimé. L’actualité, tragique, montre que ce combat n’est jamais terminé. Nous pouvons, nous devons là où nous sommes, durant ce Carême prendre les armes de la prière et de la conversion. Si notre foi est fragile, l’histoire est là pour nous montrer que ces armes sont redoutablement efficaces, et qu’elles n’entrainent aucun de ces « dégâts collatéraux » qui vont s’afficher une fois encore de manière sinistre sur nos écrans.

Prions chers amis pour les peuples slaves, ce sont des frères et sœurs chrétiens, filles et fils d’une chrétienté magnifique, arrosée du sang d’innombrables martyrs, ils méritent mieux, beaucoup mieux que les dirigeants qui, depuis si longtemps les manipulent et les asservissent.  

Père Gilles DROUIN

Aimez vos ennemis – une commune humanité

Nous poursuivons notre lecture du Sermon sur la plaine de la semaine dernière. Cette fois-ci, Jésus nous demande à deux reprises d’aimer nos ennemis. C’est incandescent ! Au fond qu’est-ce qu’il y a de spécifique, entre autres, dans le christianisme si ce n’est cette folie de l’amour des ennemis. Cela va au-delà de la non-violence ! Cette sentence nous donne l’occasion d’admettre qu’il y a une humanité dans celui qui nous veut du mal ; admettre qu’il y a des êtres humains, dans les pires des criminels, et qu’il demeure quelque chose de l’humanité. Au fond, le cœur de la foi chrétienne est ici : Est-ce que je suis capable d’envisager que chez le pire des hommes, il demeure quelque chose de l’humain, quelque chose à sauver, quelque chose à aimer. Ça c’est bouleversant !

Aimer ses ennemis, cela ne veut pas dire d’être d’accord avec eux, cela ne veut même pas dire de ne pas les combattre, tout en respectant, ce que je crois, ce qui demeure d’humanité en eux. Cela va bien au-delà de la non-violence, et c’est quelque chose de beaucoup plus puissant. Martin Luther King dans l’un de ses livres La seule révolution, écrit ceci : « Pour ma part je suis heureux que Jésus n’ait pas dit, ayez de la sympathie pour vos ennemis… aucune sympathie n’est possible envers quelqu’un qui jour et nuit menace de me tuer. Mais Jésus me rappelle que l’amour est plus grand que la sympathie, que l’amour est une bonne volonté compréhensible, créatrice, rédemptrice envers tous les hommes. » Autrement dit, nous sommes invités à changer le regard sur l’ennemi, et le considérer comme un humain avant tout. Finalement, on est au cœur de cet extrémisme de la fraternité, c’est-à-dire, je reconnais en l’autre quelque chose qui est commun avec moi. Il y a, en effet, une commune humanité, y compris avec l’ennemi parce que nous sommes tous, frères et sœurs du même Père, frères et sœurs en humanité.   

Père Ovidiu ROBU

« Maudit est l’homme qui met sa foi en l’homme. »  (Jérémie 17,5)

« L’homme est l’ombre d’un songe » (Pindar), « L’homme est semblable à un souffle, ses jours sont une ombre qui passe » (le psalmiste),  « L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature » (Pascal). Voilà bien des paroles fortes sur la vanité de la condition humaine !  Mettre sa foi en l’homme ne serait-il pas plus sage que de s’appuyer sur de l’air, autrement dit poser un acte de pure folie ! L’homme se condamnerait lui-même à une existence sans substance.

Pour affronter solidement la vie, l’homme est mis en face d’un choix : va-t-il s’enraciner en Dieu : oui ou non. Pourtant rappelons-nous le psalmiste : « Il deviendra alors comme un arbre planté au bord d’un ruisseau dans de la bonne terre qui donne du bon fruit ! » 

Alors cette parole, allons-nous la laisser nous transformer ? Allons-nous l’écouter, la laisser résonner en nos cœurs ? C’est en goûtant à cette parole divine que nous sommes unis à Dieu. 

Tous les jours pour nourrir les fidèles de la parole de Dieu, l’Église propose des textes bibliques à méditer au cours de la messe quotidienne. Pour en profiter, nous ne sommes pas obligés d’être présents. Nous avons: le Magnificat, le Prions en l’Église, le missel, la radio, le site AELF des évêques de France. Le Seigneur nous surprendra par sa présence, sa paix et sa joie.

Robert Mc Keon, diacre

5ème dimanche du temps ordinaire

Avant tout, je vous ai transmis ceci, que j’ai moi-même reçu :
le Christ est mort pour nos péchés conformément aux Écritures,
et il fut mis au tombeau ; il est ressuscité le troisième jour conformément aux Écritures

En lisant cet extrait du chapitre XV de la Première lettre aux Corinthiens tout entier consacré à la résurrection, je pensais à ce qu’un de mes anciens paroissiens, homme de lettres et grand chrétien, répétait à l’envi : « La résurrection du Christ…tout le reste n’est que littérature. » Et il avait raison. Nous sommes, avec le mystère de la mort et de la résurrection du Christ, au cœur du cœur de notre foi chrétienne. Paul dit d’ailleurs que si le Christ n’était pas ressuscité, notre foi serait vaine. Et d’ailleurs, si le Christ n’était pas ressuscité, nous ne serions pas présents, vingt siècles plus tard, comme communauté chrétienne, comme Eglise.  

Dans son “Jésus de Nazareth”, Benoit XVI faisait remarquer que dans le Nouveau Testament il y avait deux manières de se rapporter à l’évènement de la résurrection : les récits d’apparitions et ce que fait Paul, la transmission d’une nouvelle, de ce qu’on appelle le kérygme pascal. Dans notre vie également il y a ces deux manières d’entrer en contact avec l’évènement de Pâques : quelqu’un, un membre de notre famille, un catéchiste, un prêtre nous a probablement transmis la mémoire croyante de cet évènement pascal, mais peut-être aussi avons-nous fait l’expérience de la rencontre personnelle du Ressuscité. Il me semble que dans une société sécularisée comme la nôtre, la simple transmission ne suffit pas, elle ne fonctionne d’ailleurs pas très bien, elle doit être suivie de cette expérience bouleversante, vivifiante de la rencontre personnelle avec le Ressuscité, une expérience que Paul a d’ailleurs faite sur le chemin de Damas.  

Oui si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine, mais si nous n’avons pas fait l’expérience de la rencontre avec le Ressuscité, il n’est pas sûr que notre témoignage, que notre effort de transmission soit fécond ! 

P Gilles DROUIN

Le fils de Joseph, le fils du Père !

Jésus est dans la synagogue de Nazareth. L’auditoire de Jésus est d’abord émerveillé par les paroles de Jésus, sa façon de prêcher, son charisme, son autorité… Mais peu de temps après, il bascule à l’étonnement, à être surpris, à l’incompréhension et même à l’extrême violence. Comment cela est-il possible ? En fait, ses compatriotes réalisent que ce rabbin dont ils ont entendu parler parce qu’il a fait déjà des miracles à Capharnaüm et dans d’autres cités, n’est finalement à leurs yeux que Jésus de Nazareth. Il a fréquenté leurs enfants, il a joué avec eux sur les places publiques, il a pour parents Marie et Joseph qui sont bien connus dans le village. Alors d’où lui vient cet enseignement nouveau proclamé avec tant d’autorité ? C’est la question qu’ils se posent, après s’être émerveillés de ses paroles. L’évangéliste Luc ne nous dit pas tout ! Nous n’avons pas les réactions de l’assistance explicitement formulées. L’évangéliste se contente de rappeler seulement leur surprise et cette question qu’il se pose entre eux : N’est-ce pas là le fils de Joseph ? 

Jésus perçoit dans son auditoire un manque de foi, une attitude pleine de provocation comme : Montre-nous de quoi tu es capable ? Prouve que tu dis vrai ? Montre-nous des signes ? Nous voulons voir des choses spectaculaires comme tu as fait ailleurs…. Mais Jésus ne vient pas à Nazareth pour montrer son CV, ses notes de recommandation, ses diplômes. Les habitants de Nazareth savent bien qu’il n’a pas fréquenté l’école pour être rabbin, mais qu’il a suivi le même cursus que les habitants de son village. Pourtant son enseignement apporte de la nouveauté parce qu’il est le fils du Père, consubstantiel au Père, uni au Père au plus profond de lui-même du point de vue de son être, de son hypostase. 

Les habitants de Nazareth ne vont pas accueillir le message de Jésus ce jour-là. Sans doute qu’ils font aussi ce raisonnement : Jésus, tu es un habitant de notre village, est-ce que nous ne devrions pas être les premiers bénéficiaires de tes miracles ? Sauf que pour le salut accordé par Dieu il n’y a pas de privilèges. Il est demandé tout simplement de se convertir et de croire à l’Evangile.

                                                                                   P. Ovidiu ROBU

« Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture »

Cette phrase constitue sans doute l’homélie la plus brève de l’histoire, et sans doute la plus percutante, prononcée par le Verbe de Dieu fait chair. Elle nous invite à un acte de foi : croyons-nous en l’efficacité de la Parole de Dieu aujourd’hui, ici et maintenant ? « Ceci est mon corps livré pour vous », « Je te pardonne tous tes péchés », « La joie du Seigneur est notre rempart », « Vous êtes le corps du Christ » … : en quoi ces paroles s’accomplissent pour nous aujourd’hui ? Avec Jésus nous voulons « ouvrir le livre » des Ecritures saintes, afin de le comprendre, de nous l’expliquer mutuellement, comme déjà à l’époque du prophète Néhémie, et d’y répondre d’une voix forte : « Amen, amen », ce qui signifie : « C’est solide, j’y crois ». C’est ce que veut faire saint Luc en écrivant son Evangile. Nous le suivrons pas à pas tout au long de cette année le dimanche à la messe dans la liturgie de la Parole si précieuse et nourrissante. Et si nous décidions, en ce dimanche de la Parole de Dieu, de garder l’Evangile de saint Luc ouvert chez nous pour le lire semaine après semaine, jour après jour, comme dans un lent goutte-à-goutte et nous laisser transformer par cette Parole vivante ?

Aujourd’hui c’est-à-dire dimanche, ce passage de l’Ecriture s’accomplit pour nous donner de goûter la joie de ce jour consacré au Seigneur. Comment vivons-nous ce premier jour de la semaine ? Comme une source pour nos actions, nos rencontres, notre travail ? Nos vallées de larmes, émus et désolés à la fois, comme les pleurs du peuple qui entend à nouveau la loi dans le livre de Néhémie, sont un appel à la conversion, à la consolation, que nous recevons les uns des autres afin de la transmettre et de la répandre. La loi du Seigneur redonne vie. Le Seigneur nous a consacrés par l’onction du baptême. Il nous a envoyés porter la Bonne nouvelles aux pauvres. La joie du dimanche est contagieuse, elle se partage autour d’un repas, elle grandit par la charité vécue avec ceux qui sont affligés. En prenant soin les uns des autres nous grandissons dans la conscience heureuse de former un seul corps, une seule famille, paroissiale, ecclésiale, chrétienne, humaine. En cette semaine où nous prions plus intensément pour l’unité des chrétiens nous voulons croire que cette parole s’accomplit aujourd’hui : « Nous avons été baptisés pour former un seul corps ». Et nous voulons contribuer à ce que ce passage de l’Ecriture, comme chaque page de la Bible, s’accomplisse un peu plus chaque jour.

Père Jean-Baptiste Arnaud, curé