« Voici le jour que fit le Seigneur, jour de fête et de joie »

L’Evangile aime les raccourcis, les condensés, les courts circuits. Un jour qui dure 8 jours, et même 50 jours. Pâques, l’Ascension et la Pentecôte constituent un seul mystère. Le soir de Pâques, Jésus souffle sur ses Apôtres et l’Esprit saint est déjà donné. « Mille ans sont comme un jour » dit le psalmiste. Quelle grâce de de pouvoir vivre chaque jour intensément ! La liturgie nous rend présents au pied de la croix, comme au cénacle, aujourd’hui, à chaque messe. 

L’Evangile aimerait-il aussi les utopies ? Les Apôtres ont tous trahi Jésus et voici qu’ils sont envoyés en mission ! D’un seul cœur et d’une seule âme, ils partagent tous leurs biens, et témoignent de la résurrection avec puissance. Comme tout cela peut nous paraître idéaliste. Alors posons-nous honnêtement la question : qu’est-ce cela change pour nous que le Christ soit ressuscité des morts ? Du plus spirituel – nous sommes pardonnés, nous pouvons témoigner – au plus temporel – allons-nous vraiment continuer à vivre comme avant ? « Ah non ! On va pouvoir manger du chocolat » me direz-vous… Est-ce vraiment ça la résurrection ? Oui en partie, mais en partie seulement. Comment allons-nous partager nos richesses, nous laisser bouleverser et bousculer par le fait que tant de pauvres meurent de faim, de solitude, de tristesse, de désespoir, dans nos rues et dans nos immeubles, comme aux portes de notre pays et de notre continent ?

La résurrection du Christ nous libère de la peur et de nos péchés. Nul n’est enfermé dans son péché. Pas plus les péchés d’égoïsme ou de gaspillage, que ceux de manque de foi : « si je ne vois pas, non, je ne croirai pas ! ». Pauvre Thomas dont on a fait le modèle du doute alors que notre foi s’appuie sur la sienne. En osant contempler les plaies du Christ, nos trahisons et nos reniements, nos péchés et les souffrances des pauvres, nous y découvrons le lieu paradoxal de la paix et de la joie du Christ ressuscité, la source d’un plus grand amour et de notre liberté de chrétiens. Avec Thomas nous pouvons déjà poser cet acte de foi magnifique : « Mon Seigneur et moi Dieu ». Appuyés sur sa foi, nous pouvons dire et vivre ces paroles transmises par le Christ : « tes péchés sont pardonnés », « ceci est mon corps, mon sang, ma vie livrés pour toi ».

Nous avons 50 jours pour entrer plus profondément dans la paix et la joie du Christ, pour disposer nos cœurs à recevoir l’Esprit Saint. Ensemble nous voulons vivre ce temps pascal comme une retraite de préparation à la Pentecôte, dont nous célébrerons la Vigile le samedi 22 mai à 21h, et comme un pèlerinage qui nous conduira à Notre-Dame de Liesse, source de toute joie le samedi 29 mai. Bon temps pascal !

Père Jean-Baptiste Arnaud, curé