FAIRE DE NOTRE PAROISSE UNE COMMUNAUTÉ FRATERNELLE

Deux conditions sont nécessaires pour qu’une paroisse soit missionnaire. La première est qu’elle soit une communauté dont la ferveur des temps de prière est perceptible. L’Église n’est pas un écran mais un chemin vers le Christ. Si elle ne permet pas d’élever l’âme, de ressentir la présence du Christ dans ses rites, elle passe à côté de sa mission. Une seconde condition est indispensable : une communauté chrétienne se doit d’être fraternelle, accueillante et ouverte car si elle est fermée sur elle-même, elle exclut et repousse.

Depuis le début de son pontificat, le pape François ne cesse de multiplier les images pour tenter d’esquisser la physionomie de l’Église qu’il porte et désire rendre vivante. Elle est comme une famille, comme un hôpital de campagne près d’un champ de bataille où l’on peut venir soigner ses blessures… « L’Église doit être le lieu de la miséricorde gratuite, où tout le monde peut se sentir accueilli, aimé, pardonné et encouragé à vivre selon la bonne vie de l’Évangile. (…) Je désire demander spécialement aux chrétiens de toutes les communautés du monde un témoignage de communion fraternelle qui devienne attrayant et lumineux. Que tous puissent admirer comment vous prenez soin les uns des autres, comment vous vous encouragez mutuellement et comment vous vous accompagnez. » (Pape François)

Notre tendance ira toujours vers une économie d’énergie, vers ce qu’il y a de plus simple, de moins coûteux. S’ouvrir aux autres réclame de le choisir, de poser des actes conscients pour lutter contre nos appréhensions, nos a priori, nos peurs. Il est bon en ce Carême de veiller à participer à l’accueil et l’ouverture de notre paroisse. Parfois nous pouvons en avoir le désir mais nous ne voyons pas forcément comment faire. La première étape consiste peut-être, lorsque nous arrivons à la messe le dimanche, à saluer les personnes qui sont assises à côté de nous. Ou, à la sortie de la messe ou quand nous participons à une activité de la paroisse, plutôt que de rejoindre les personnes que nous connaissons, commencer par se présenter auprès de ceux que nous apercevons sans vraiment les connaître. Le premier pas est le plus dur. Mais ensuite quelle joie !

Dans son livre « la Sagesse d’un pauvre », Eloi Leclerc donne la parole à saint François :« Évangéliser un homme, vois-tu, c’est lui dire : Toi aussi tu es aimé de Dieu dans le Seigneur Jésus. Et pas seulement lui dire, mais le penser réellement. Et pas seulement le penser, mais se comporter avec cet homme de telle manière qu’il sente et découvre qu’il a en lui quelque chose de sauvé, quelque chose de plus grand et de plus noble que ce qu’il pensait, et qu’il s’éveille ainsi à une nouvelle conscience de soi. C’est cela, lui annoncer la Bonne Nouvelle. Tu ne peux le faire qu’en lui offrant ton amitié. Une amitié réelle, désintéressée, sans condescendance, faite de confiance et d’estime profonde. »

Évangéliser est un mot qui intimide et qui fait peur. La barre peut sembler un peu haute. Annoncer la bonne nouvelle c’est d’abord chercher à la mettre en pratique. Voilà peut-être la troisième condition pour qu’une paroisse soit missionnaire : qu’elle mette en acte la Parole qu’elle proclame, par l’humilité, le sourire, le partage, la bienveillance, le pardon, la miséricorde, le réconfort, la joie. C’est par l’amitié que les premiers disciples ont connu Jésus : André a emmené Pierre son frère à Jésus ; Philippe son ami Nathanaël. Sans l’amitié, sans des relations personnelles, rien ne se serait passé. Le Seigneur m’invite donc à développer une culture de l’amitié et de la bienveillance, et à ouvrir mon horizon au-delà de mon cercle habituel.

Père Jean-Baptiste ARNAUD, avec les prêtres, diacre et séminaristes de Saint-Louis en l’Ile.