Le pouvoir et le service

En quelques lignes, Jésus nous délivre un message fort : « Les grands font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur. Celui qui veut être le premier sera l’esclave de tous : car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude ».Tous les mots d’ici portent, mais surtout deux : pouvoir et service. 

L’histoire du monde, l’histoire de l’Eglise et notre propre histoire sont éclairées par une seule question : celui qui avait le pouvoir en a-t-il fait un service ? Une accusation devrait toujours se faire sentir comme un fer rouge : l’abus de pouvoir. J’ai pouvoir sur toi, j’en profite pour te manipuler et t’humilier. Toi, mon conjoint qui m’aimes ; toi, mon enfant qui a tant besoin de moi ; et aussi les employés de maison, nos subordonnés au travail et tant des peuples soumis à la dictature. Et même les chrétiens dans l’Eglise, comme dans une paroisse ou dans une communauté. Jésus a pourtant donné l’avertissement décisif : « Parmi vous, il ne dois pas en être ainsi ». Ce n’est pas un conseil, ce n’est pas une prescription secondaire, c’est constitutif. Partout ailleurs, on peut en prendre ou en laisser au sujet du pouvoir et du service. Dans l’Eglise, tout ce qui est règlement relève de ce principe premier : un pouvoir doit être vécu comme un service. Cela, nous le savons bien, exige des mises à mort : de l’orgueil, de la griserie, de la puissance, de l’autoritarisme, des paternalismes aveugles, etc. « Le Fils de l’homme est venu pour donner sa vie ». En christianisme tout pouvoir est un appel à donner sa vie. D’une manière ou d’une autre nous avons tous des pouvoirs. Avons-nous aussi la passion de servir ?

P. Ovidiu ROBU