« Que veux-tu que je fasse pour toi »

À juste titre pouvons-nous être surpris de la question de Jésus à l’aveugle Bartimée : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » En effet, nous savons tous que Dieu sait très bien, et sans doute même mieux que nous, ce dont nous avons besoin. Mais en posant cette question, le Christ invite chacun à réaliser que ce qui va se jouer dans cette guérison est avant tout spirituel. Hélas, notre traduction ne retransmet pas fidèlement la demande de Bartimée. Contrairement à la première guérison d’un aveugle à Bethsaïde (Mc 8, 22-26), où Jésus s’y reprend par deux fois pour que le malade voit (blepò en grec), signifiant par là à quel point il est difficile pour l’homme de répondre à la foi et de croire, Bartimée lui, a déjà la foi, reconnaissant en Jésus le « Fils de David » tant attendu. Aussi demande-t-il non pas de voir à nouveau, mais de voir “vers le haut”, d’élever son regard (ana-blepò en grec), c’est-à-dire d’orienter sa foi, donc de devenir disciple de Jésus. Preuve en est, si l’aveugle de Bethsaïde a trouvé la vue, c’est-à-dire la foi, il ne s’est pas mis à la suite de Jésus. Ici Bartimée est le premier miraculé chez saint Marc à suivre Jésus « sur le chemin », et ce chemin le conduit à Jérusalem, vers la passion, la mort et la résurrection… C’est aujourd’hui pour nous l’occasion de réajuster notre foi, n’oubliant pas ces paroles du Christ : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive » (Mc 8, 34).

                                                                                Père François BOUCHARD