Rendre à Dieu ce qui est à Dieu

Avez-vous remarqué comme nous cloisonnons volontiers les différents domaines de notre vie ? Il y a le temps du travail et celui des loisirs, les temps profanes et les temps sacrés, bref, il y a le domaine où nous « rendons à César ce qui est à César » et celui où nous « rendons à Dieu ce qui est à Dieu », dans un partage équitable entre le temporel et le spirituel. Mais n’est-ce pas là une lecture un peu rapide des paroles du Christ ?

La question posée à Jésus ne porte que sur un aspect matériel. Jésus répond en se situant à un autre niveau : il rappelle Dieu. Aussi, n’est-ce pas tant en terme de partage mais de hiérarchisation que nous devons entendre sa réponse. Jésus nous indique ainsi qu’il n’y a qu’un seul absolu, Dieu. Et si chaque chose du temporel a sa place, elle l’acquiert relativement à l’absolu de Dieu.

Rendons donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu, et que ce qui est à César devienne pour nous chemin vers Dieu.

Ce dimanche d’octobre c’est aussi la Journée Mondiale Missionnaire. « En cette année, dit le pape François, marquée par les souffrances et les défis causés par la pandémie de COVID 19, ce cheminement missionnaire de toute l’Eglise se poursuit à la lumière de la parole que nous trouvons dans le récit de la vocation du prophète Isaïe : « Me voici : envoie-moi ! » (Is 6, 8). C’est la réponse toujours renouvelée à la question du Seigneur : « Qui enverrai-je ? » (ibid.). Cet appel provient du cœur de Dieu, de sa miséricorde qui interpelle tant l’Eglise que l’humanité, dans la crise mondiale actuelle. « Comme les disciples de l’Evangile, nous avons été pris au dépourvu par une tempêteinattendue et furieuse. Nous nous rendons compte que nous nous trouvons dans la même barque, tous fragiles et désorientés, mais en même temps importants et nécessaires, tous appelés à ramer ensemble, tous ayant besoin de nous réconforter mutuellement. Dans cette barque…nous nous trouvons tous. Comme ces disciples qui parlent d’une seule voix et dans l’angoisse disent : « Nous sommes perdus » (v. 38), nous aussi, nous nous sommes aperçus que nous ne pouvons pas aller de l’avent chacun tout seul, mais seulement ensemble » (Méditation à la Place Saint Pierre, 27 mars 2020).

Nous sommes vraiment effrayés, désorientés et apeurés. La douleur et la mort nous font expérimenter notre fragilité humaine ; mais en même temps, nous reconnaissons que nous sommes tous habités par un profond désir de vie et de libération de mal. Dans ce contexte, l’appel à la mission, l’invitation à sortir de soi-même par amour de Dieu et du prochain, se présente comme une opportunité de partage, de service, d’intercession. La mission, que Dieu confie à chacun, fait passer du moi peureux et fermé au moi retrouvé et renouvelé par le don de soi ».

P. Ovidiu ROBU