C’est lui, le Christ, qui est notre paix : des deux, le Juif et le païen, il a fait une seule réalité ; par sa chair crucifiée, il a détruit ce qui les séparait, le mur de la haine ; il a supprimé les prescriptions juridiques de la loi de Moïse. Ainsi, à partir des deux, le Juif et le païen, il a voulu créer en lui un seul Homme nouveau en faisant la paix, et réconcilier avec Dieu les uns et les autres en un seul corps par le moyen de la croix ; en sa personne, il a tué la haine. Ep 2, 14-16

Ce matin, jeudi 24 février 2022, nous nous réveillons avec deux peuples chrétiens européens qui se font la guerre. Les fantômes d’un passé que nous aurions aimé oublier réapparaissent, comme déjà il y a 30 ans dans les Balkans. Trente ans après la chute du mur de Berlin un nouveau mur de la haine déchire notre continent bien aimé. 

Le mur de la haine n’aurait-il pas été détruit par le Christ Jésus ? Saint Paul se serait-il trompé ? Non, nous le savons, la victoire sur la haine, la violence et la mort a été remportée une fois pour toutes par le Christ sur la Croix. Mais cette victoire nous devons l’accueillir, la faire nôtre, la laisser détruire tous les germes de violence et de mort dont nous ne savons que trop qu’ils habitent notre cœur d’hommes et de femmes. Le pape François nous appelle en ce début de Carême à une journée de jeûne et de prière pour la paix. Ces armes, celles du jeûne et de la prière, peuvent sembler bien dérisoires quand les missiles hypersophistiqués s’abattent sur le berceau du poumon oriental du christianisme européen. Mais nous savons que c’est à ce niveau, celui du cœur, que se trouve la racine des haines et des guerres et que c’est à ce niveau que la puissance de vie et de paix jaillit du côté transpercé du Christ agit, et agit avec puissance. Mais son action n’est efficace que si nous lui ouvrons vraiment la porte de notre cœur, que si nous la laissons se déployer au plus profond de notre cœur d’homme et de femme. 

Il y a trente ans, un homme en blanc, par la seule force de la foi et de la vérité a contribué plus que tout autre à abattre un système mensonger et mortifère qui asphyxiait déjà une moitié de notre continent bien aimé. L’actualité, tragique, montre que ce combat n’est jamais terminé. Nous pouvons, nous devons là où nous sommes, durant ce Carême prendre les armes de la prière et de la conversion. Si notre foi est fragile, l’histoire est là pour nous montrer que ces armes sont redoutablement efficaces, et qu’elles n’entrainent aucun de ces « dégâts collatéraux » qui vont s’afficher une fois encore de manière sinistre sur nos écrans.

Prions chers amis pour les peuples slaves, ce sont des frères et sœurs chrétiens, filles et fils d’une chrétienté magnifique, arrosée du sang d’innombrables martyrs, ils méritent mieux, beaucoup mieux que les dirigeants qui, depuis si longtemps les manipulent et les asservissent.  

Père Gilles DROUIN