Message de l’Archevêque de Paris au Patriarche maronite et aux évêques libanais

Paris le 6 août 2020

Mgr Michel Aupetit invite tous les Parisiens à porter dans leurs prières et par la pensée nos frères libanais en ces jours de tragédie. De nombreuses propositions d’aides matérielles permettront à ceux qui le pourront de se joindre à l’effort de reconstruction et de secours nécessaire. Le message ci-dessous, envoyé par l’Archevêque au Patriarche maronite et aux évêques libanais, a pour premier objectif d’appeler nos communautés à s’unir par-delà les frontières aux victimes et à leurs familles.


Béatitude,

J’ai appris le drame effroyable qui a frappé la ville de Beyrouth. Je tiens à vous exprimer ma proximité tandis que le Liban connaît de nombreuses souffrances. Je prie pour les personnes décédées, et aussi pour les familles affligées.
Vous savez l’amitié de la France pour le Liban, et surtout les sentiments fraternels des catholiques de mon pays pour les fidèles de votre Église. Les communautés chrétiennes de Paris auront à cœur de prier pour le Liban lors des messes de ce dimanche.
Nous étions déjà attentifs aux besoins de vos écoles ; nous serons soucieux d’apporter de l’aide aux habitants de Beyrouth à travers nos associations.
Béatitude, l’espérance qui accompagne notre foi doit continuer à inspirer le peuple du Liban, tant votre pays est important pour la paix dans la région. 
Je vous assure de mon amitié spirituelle,

+Michel AUPETIT
Archevêque de Paris

Tribune de Mgr Pierre d’Ornellas et du groupe bioéthique de la CEF : “La bioéthique du monde d’après”

20 juillet 2020

Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes et responsable du groupe bioéthique de la Conférence des évêques de France a tenu le 20 juillet une conférence explicative au sujet du texte de révision de la loi bioéthique qui arrive en 2e lecture à l’assemblée ce 27 juillet. À cette occasion, Mgr Pierre d’Ornellas et le groupe bioéthique de la Conférence des évêques de France signent cette tribune.

La bioéthique du monde d’après

Quel monde édifions-nous ? Quelle solidarité voulons-nous ? Aussi bien pour nous que pour les générations à venir. Les crises sociales et les alertes écologiques traduisent une réelle inquiétude, tandis que la pandémie du COVID-19 a révélé notre fragilité humaine et économique. La loi de bioéthique va-t-elle augmenter le désarroi ?

Nous changeons d’époque. Il nous faut penser un nouveau progrès. Il ne se réalisera pas sans une vision commune de notre humanité et de son indispensable « fraternité ». Celle-ci exige des remises en question qui nous préservent de la toute-puissance de nos désirs et qui réajustent nos droits et nos devoirs les uns vis-à-vis des autres.

Si nos inquiétudes pour demain se cristallisent dans la crise écologique, nous assistons heureusement à une salutaire prise de conscience en vue de la préservation de la planète, notre maison commune. Il est désormais impossible de rester dans le monde ancien en ne considérant que les solutions techniques, ce qui aurait un effet dévastateur. Les consensus écologiques dessinent un autre progrès pour un monde nouveau, celui de la sobriété heureuse et du partage solidaire.

La bioéthique ne saurait rester étrangère à cette transition. Aujourd’hui, elle est tentée de valider les succès technologiques et le court-terme des profits du marché. Le projet de loi, dans son actuel mouture, semble s’y enfermer sans avoir conscience que l’être humain en est blessé. Certains plaident faussement qu’ainsi va le sens de l’histoire, ce que contredit le virage écologique qui s’impose à nous ! Ils s’affirment progressistes en ayant une vision étroite du progrès, qui ne considère pas vraiment la santé publique comme bien commun et qui exclut le respect dû à l’être humain le plus fragile !

La bioéthique aussi a besoin d’une salutaire prise de conscience ! Elle doit entendre ces alertes, dont certaines sont devenues plus vives en raison de la pandémie :

- Face aux défis liés au vieillissement de concitoyens de plus en plus nombreux, quelle nouvelle et juste solidarité allons-nous édifier en faveur de nos aînés ? 
- Face à une conception gestionnaire des soins selon laquelle un « patient » devient parfois un « client », comment promouvoir une médecine plus humaine pour tous, soutenue par une politique de santé davantage reconnaissante envers les soignants ? 
- Face à la volonté de tout maîtriser par les techniques biomédicales, comment discerner en raison les vrais enjeux ? Car les menaces sont réelles : marché des tests génétiques, robotisation et intelligence artificielle sans contrôle suffisant, expérimentation sur des embryons chimères, sélection accrue des enfants à naître, filiation sans paternité, maternité sans gestation, marchandisation de la procréation.

Plus que jamais, une vision audacieuse est nécessaire : grâce au « dialogue », qui est plus qu’un simple débat, développons une compréhension unifiée de la personne humaine en ses dimensions corporelle, psychique, sociale et spirituelle. Le corps n’est pas un matériau manipulable selon tout désir. Les liens humains fondamentaux ne sont pas configurables à volonté, fût-ce celle d’une majorité parlementaire.

Par sa filiation, chacun entre dans l’histoire d’autant plus serein qu’il aura été pleinement respecté dans sa dignité et dans ses droits fondamentaux, dès sa conception. Comment affirmer de façon péremptoire que priver délibérément un enfant d’un père n’est pas un mal pour l’enfant et respecte ses droits ? N’est-ce pas jouer avec le feu que de lui imposer légalement un double lien maternel qui serait biologique avec une femme et gestationnel avec une autre ?

De sa dignité découle la « gratuité » avec laquelle tout être humain, avec ses vulnérabilités et ses limites, est accueilli en raison de sa valeur sans prix. L’éthique ainsi fondée est capable de discerner les violences exercées sur lui et de s’y opposer. Elle résiste à la séduction des techniques nous entraînant dans les dérives de l’eugénisme.

« Fraternité » et « gratuité » permettent d’édifier la société inclusive désirée par tous : accueillir les différences et les fragilités, non comme des problèmes à éradiquer mais comme des sources d’humanité plus grande.
Voilà le chemin d’un progrès véritable et plus juste, qui conduit à ce monde nouveau ! Répondre au défi écologique, c’est inséparablement élaborer une autre bioéthique que celle de l’actuel projet de loi. Ne manquons pas ce rendez-vous grave et plein d’espérance. Sans une conscience renouvelée de l’éthique, le plus fragile sera soumis à la loi du plus fort, et le progrès escompté deviendra régression. Il en va du sens de l’histoire et de notre responsabilité collective !

Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, Responsable du Groupe Bioéthique de la CEF
Mgr Pierre-Antoine Bozo, évêque de Limoges
Mgr Nicolas Brouwet, évêque de Tarbes et Lourdes
Mgr Olivier de Germay, évêque d’Ajaccio
Mgr Hervé Gosselin, évêque d’Angoulême
Mgr Vincent Jordy, archevêque de Tours
Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre
Père Brice de Malherbe, Département éthique biomédicale, Collège des Bernardins
Père Bruno Saintôt, Département éthique biomédicale, Centre Sèvres

Le 20 juillet 2020

Voir la tribune sur le site de la Conférence des Évêques de France.

Tribune de Mgr Michel Aupetit à propos du projet de loi bioéthique

Le Figaro – 29 juin 2020

Tribune à propos du projet de loi bioéthique

Sans vergogne, alors que notre pays vient de traverser une crise sanitaire qui l’a mis à genoux, la priorité du gouvernement est de faire adopter à l’Assemblée nationale le projet de loi bioéthique. Celui-ci porte en lui-même des basculements considérables modifiant gravement et dangereusement les fondements de ce que notre civilisation a construit pour le respect de l’homme, de sa dignité, de sa vie et de sa santé. Alors que la plupart des réformes importantes sont à reporter ou à revisiter, il n’y aurait pas d’autres urgences aujourd’hui que de faire passer en force et dans la discrétion du mois de juillet cet ensemble de lois qui touche à l’essence même de notre humanité. Ceci au nom d’une prétendue égalité revendiquée par des personnes qui se trouvent dans des situations particulières, lesquelles ne requièrent aucunement l’égalité des droits, comme l’a bien dit le rapport du Conseil d’État. Alors, parlons d’égalité !

Nous sortons de trois mois de confinement. Nous sommes fiers de nos soignants, mais sans doute moins de la manière dont nous avons traité beaucoup de personnes âgées. Certaines sont mortes sans avoir pu voir leur famille une dernière fois, d’autres n’ont pu recevoir les soins d’hygiène ni bénéficier du minimum de relation qui maintient le lien social. Certes, il s’agissait sans doute de protéger des personnes dont l’âge, associé à des soucis de santé, ne permettait pas de survivre à un temps prolongé en réanimation. Mais la pandémie a surtout mis un coup de projecteur supplémentaire sur la tristesse de la situation des Ehpad, souvent par manque de personnel. Pendant ce temps-là, de gros investissements sont prévus pour l’« intelligence artificielle », alors que d’autres discutent euthanasie. Considérons-nous vraiment que nos aînés soient nos égaux ?

La pandémie dont nous sortons à peine nous a rappelé notre commune vulnérabilité, la nécessité de revenir à une certaine sobriété, la richesse en même temps que la fragilité des relations familiales, et voilà que le gouvernement pense terminer rapidement la discussion de ce projet de loi de bioéthique comme si rien ne s’était passé. Nous pouvions déjà être surpris par une certaine obsession à faciliter l’élimination des enfants dans le ventre de leurs mères en faisant de l’IVG une priorité en temps de confinement, alors même que les urgences cardiovasculaires restaient en souffrance pour favoriser l’accueil des patients atteints par le Covid-19. Obsession relayée par certains amendements discutés actuellement en commission spéciale de l’Assemblée nationale.

La culture de mort qui plane sur notre pays a été amplifiée par la peur de mourir occasionnée par la pandémie. Nous voici engagés de nouveau tête baissée dans le bouleversement des relations généalogiques qui structurent la personne, dans la banalisation des embryons humains sélectionnés, analysés et jetés comme de vulgaires produits consommables, dans la production artificielle de gamètes qui n’a d’autre intérêt que celui d’alimenter le mythe d’une procréation « hors sexe ». Nous savons qu’il faut relancer le commerce et l’industrie, mais pas au prix de la dignité de l’être humain. Le choix d’ouvrir en grand le marché des enfants, en dissociant l’assistance médicale à la procréation des difficultés à concevoir, est une atteinte grave à la dignité humaine. Ce choix de favoriser l’industrie procréatique en l’alimentant d’embryons toujours plus nombreux, montre bien les raisons mercantiles qui fondent ce projet. L’embryon humain est-il notre égal ?

C’est bien la société de consommation qui pousse encore et toujours le désir des adultes sans aucune considération des conséquences sur les générations futures. Jusqu’à leur faire violence. N’y a-t-il pas violence, en effet, lorsque l’on prive délibérément un enfant d’un père, lorsque l’on organise des avortements sélectifs en cas de grossesses multiples, lorsque l’enfant découvre que l’embryon qu’il a été aurait tout aussi bien pu terminer sous le microscope d’un chercheur ou dans une décharge après un temps plus ou moins long de congélation ? L’enfant soumis à la toute-puissance du « projet parental » est-il encore notre égal ?

Il y a vingt-cinq ans, Jean-Paul II éprouvait déjà l’urgence d’affirmer qu’« en ce qui concerne le droit à la vie, tout être humain innocent est absolument égal à tous les autres », que « cette égalité est la base de tous les rapports sociaux authentiques » et qu’il convient de considérer « chaque homme et chaque femme comme une personne et non comme une chose dont on peut disposer » (L’Évangile de la vie, 57). Alors que la pandémie a manifesté l’exigence de vaincre nos égoïsmes par l’engagement dans la solidarité, le respect de l’égale dignité de tout être humain demeure une priorité. Elle est particulièrement l’enjeu de ce que Hans Jonas appelait « l’archétype intemporel de toute responsabilité, celle des parents à l’égard de l’enfant ».

Cette responsabilité incombe de nouveau ces jours-ci à nos députés. Auront-ils le courage et la lucidité de renverser la logique d’un « toujours plus » qui accumule les dettes financières et soulève aussi des questions existentielles qui concernent les anciens comme des générations à venir ? Ces questions sont à reprendre par le haut sans se plier aux pressions idéologiques ou marchandes qui se voilent à peine sous des slogans péremptoires.

Ceux qui nous représentent ne peuvent pas faire comme si rien ne s’était passé. Alors que la crise sanitaire est toujours là, que la crise économique et sociale va gravement impacter la vie de nos compatriotes, comme nous avons pu le voir lorsque nous nous sommes mobilisés pour apporter des secours aux plus démunis, ce serait l’honneur de nos députés de remettre en cause ce projet injuste et inégalitaire pour se concentrer sur les vrais problèmes des Français.

Publié sur : https://www.lefigaro.fr/vox/societe/la-charge-de-l-archeveque-de-paris-contre-le-retour-precipite-des-lois-bioethiques-a-l-assemblee-20200629

Bénédiction du Saint-Sacrement sur la ville

Le jeudi 9 avril 2020, en cette période de crise sanitaire, Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris, a béni avec le Saint-Sacrement la ville de Paris depuis la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre.

Plus d’informations sur le site du diocèse de Paris

Message de Mgr Michel Aupetit

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