Fête Dieu

La Fête-Dieu que nous célébrons ce dimanche est aussi appelée « fête du corps et du sang du Christ ». En effet par un mouvement qui part du haut moyen-âge, l’eucharistie est devenue le meilleur moyen de disposer d’hosties consacrées, comme si la communion était le tout de la messe. Bien sûr, il est beau de communier. C’est l’acte par lequel Jésus vient en ma chair aussi réellement que dans la chair de la Vierge à l’Annonciation. Pourtant cet acte est second. La messe, c’est d’abord l’actualité du sacrifice du Christ. La mort et la résurrection du Christ me sont réellement rendues contemporaines sur l’autel, comme nous le disons à l’anamnèse.

Saint Augustin a consacré des livres entiers de la Cité de Dieu à déployer cet aspect et quelques lignes des Confessions à parler de la communion. Le Concile de Trente a défini le sacrifice de la messe dans un décret ad hoc. Le Concile Vatican II le cite presque mot-à-mot : « Notre sauveur, la nuit où il était livré, institua le sacrifice eucharistique de son Corps et de son Sang pour perpétuer le sacrifice de la croix au long des siècles jusqu’à ce qu’il vienne, et en outre pour confier à son Église, son Epouse bien aimée, le mémorial de sa mort et de sa résurrection ». Toute la vie de Jésus est contemporaine de la mienne et quoique je vive, je suis uni aujourd’hui au moment où Jésus a vécu la même chose. Uni, donc aimé. En outre, l’insistance sur la communion laisse de côté tous ceux qui, pour une autre ne peuvent pas communier. Alors que le sacrifice est offert pour eux aussi et qu’ils sont invités à s’offrir eux aussi. 

Enfin, ma grand-mère avait la tentation d’arriver à la messe à l’offertoire. Ce qui précédait, c’est pour les prêtres. De l’homélie elle attendait qu’elle lui rappelle de faire ses prières et d’aider les pauvres. Nous avons retrouvé le goût de la liturgie de la parole, y compris de l’homélie. Dieu e soit béni. Mais nous sommes devenus homélolâtres. Si le prêtre a la réputation de parler un peu moins mal que d’autres, nous en faisons le sommet de la messe. C’est insulter le Christ livré sur l’autel. Remettons chaque chose à sa place.

Père Matthieu Villemot, vicaire