Le bruit d’un silence tenu

Dimanche nous célébrons la Pentecôte, l’effusion du Saint Esprit dans l’Église. Le Saint Esprit est toujours à l’œuvre et agit comme le vent. « Le vent souffle où il veut, et sa voix tu l’entends, mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va. » dit Jésus à Nicodème. (Jean, 3. 8) L’homme ne saisit pas le Saint Esprit, il ne peut que l’entendre, s’il est à l’écoute. 

Les Saintes Écritures fournissent des clefs pour comprendre comment Dieu se manifeste et se laisse connaître. La rencontre de Dieu par Élie sur le Mont Horeb nous l’enseigne très bien : Élie fuyait la reine Jézabel après avoir vaincu les prêtres de Baal et, invité par Dieu pour le rencontrer, il continuait son chemin vers le Mont Horeb. Arrivé là, la rencontre ne se passe pas dans des manifestations puissantes de la nature. Élie sort à la rencontre du Seigneur en se couvrant le visage et reçoit la présence de Dieu comme « Le bruit d’un silence tenu. » (1 Rois 19, 12-14) En se couvrant le visage Élie, d’une façon métaphorique, soustrait toute activité de l’esprit pour pouvoir rencontrer et entendre Le Seigneur qui ne se donne que par une présence silencieuse. 

Une telle expérience n’est pas un sentiment, un élan enthousiaste, une émotion, elle est insaisissable. C’est vrai qu’elle peut être accompagnée par des émotions mais les émotions sont trop éphémères pour donner une assise solide à l’expérience de Dieu. Quand le Saint Esprit parle, il parle dans le son du silence comme il l’a fait avec Élie et avec une douceur à peine perceptible. Il cherche une écoute sans l’interférence de ses idées et de ses sentiments. Il est simplement là.

En racontant son expérience de Dieu à Ostie, Saint Augustin parle d’une rencontre saisissante. Le Saint était là, sans bruits ni extérieurs ni intérieurs et pourtant Dieu se faisait entendre. (Confessions, IX, 25) La seule façon de parler d’une telle expérience est d’affirmer tout simplement que «c’est comme ça. »

Pour rencontrer Dieu, le jésuite Français Jean Pierre Caussade du 18e siècle dans son ouvrage Le traité sur l’oraison du cœur (ch 6), conseille de tendre l’oreille en pratiquant « des pauses attentives.» Nous le faisons instinctivement lorsque nous tendons l’oreille au moment où un chef d’orchestre lève son bâton.        

Laissons-nous inspirer par Élie, Saint Augustin et Caussade. 

Robert Mc Keon, diacre