L’offrande de la pauvre veuve

Jésus s’était assis dans le Temple en face de la salle du trésor, et regardait comment la foule y mettait de l’argent. A l’époque, au temple de Jérusalem, les pèlerins donnaient ce qu’ils voulaient au trésor du temple. C’était une offrande tout à fait libre. Les riches donnaient souvent beaucoup, et les pauvres donnaient quelques petites pièces en cuivre que l’on appelle des leptas (en grec). Le lepton c’est le centime de la monnaie grecque au temps de Jésus. Un denier correspondait à une journée de travail, et il faisait 64 leptas. Une pauvre veuve s’avança et mit deux petites pièces de monnaie. La remarque de Jésus est déroutante : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres. Pourquoi cela ? Car, concrètement, cette veuve a fait une petite offrande. Mais cela lui a coûté énormément, car c’était ses dernières économies. Elle a tout donné ! C’est le pape François qui disait dans une de ses homélies : Je me méfie de l’aumône qui ne coûte rien, et qui ne fait pas mal. 

Jésus n’a pas cherché à arrêter cette femme dans son élan de générosité. Il a laissé faire. Il a vu l’offrande du point de vue de sa foi. Elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. Mot-à-mot, on devrait traduire : elle a donné sa vie. Ce passage est une anticipation de la Passion : cette femme s’est défaite librement de ses dernières richesses, comme Jésus sur la croix va se défaire de sa propre vie. Et nous, qu’est-ce que nous donnons ? Est-ce que nos offrandes nous coûtent ? Est-ce que nous sommes capables de sortir de notre zone de confort pour aller au-delà de la simple mesure, de ce qui nous parait juste ? Est-ce que nous sommes capables de donner jusqu’à ce que ça nous fasse un petit mal quand même ? Le geste de la pauvre veuve est riche d’enseignements. Il faut sortir du donnant-donnant pour entrer dans cette logique de l’évangile.

Père Ovidiu ROBU