Nous voudrions voir Jésus

Pourquoi venons-nous à la messe ce dimanche ? Par habitude ou par curiosité ? Parce que nous en avons besoin, que c’est une nourriture, un ressourcement, un appel ? Parce que c’est une sortie autorisée au début de ce nouveau confinement ? Parce que nous nous préparons à célébrer Pâques, la mort et la résurrection du Christ, en accompagnant les futurs baptisés et en replongeant dans notre propre baptême ? Parce que nous voulons retrouver nos amis ? Toutes ces raisons, et bien d’autres encore, s’entremêlent et nous poussent à franchir les portes de l’église, nous sommes tous les bienvenus, nous sommes chez Dieu et nous sommes chez nous. Toutes ces raisons expriment le désir parfois enfoui ou confus, parfois explicite et assumé, formulé dans l’évangile de ce dimanche ; « Nous voudrions voir Jésus ». L’être humain est fait pour contempler Dieu dès cette terre disait les premiers chrétiens. Oui, mais comment le voir, le reconnaître, le contempler ?

Jésus lui-même répond à la demande qui lui est adressée : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle ». Cette parole nous semble rude. Elle nous invite à lever les yeux vers la croix, signe de la souffrance de l’innocent portant sur lui toutes les douleurs injustes, tout le mal subi et tout le mal commis. « Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes ». Laissons-nous attirer par la croix du Christ révélation suprême de l’amour inconditionnel de Dieu pour chacun de nous. Jésus nous donne sa vie pour que nous ayons la vie et que nous donnions la vie en donnant notre vie. C’est cette vérité de la vie donnée, du bonheur de recevoir la vie d’un autre et de tout donner par amour qui nous pousse et nous attire : « Nous voudrions voir Jésus donner sa vie, nous voudrions donner notre vie comme lui ».

« Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? ». Cette réaction de Jésus, « avec un grand cri et dans les larmes », est aussi la nôtre. Devant un tel mystère et un tel débordement d’amour, face à une telle épreuve et à une telle exigence, que pouvons-nous dire ? Angoissés, bouleversés, hésitants au pied de la croix, quelle parole peut sortir de nos lèvres pour rendre compte de notre espérance, témoigner de notre foi, dire notre amour ? Laissons le Seigneur nous parler au cœur, au plus secret et au plus intime de nous-mêmes. « Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai sur leur cœur ». Accueillons ce commandement de l’amour, de Dieu, du prochain et de nous-mêmes, gravé, infusé en nous comme un cadeau précieux. Il est le bon pasteur qui connaît ses brebis et que ses brebis connaissent. Il est l’agneau immolé qui prend sur lui nos péchés, qui nous relève et nous délivre de tout mal, qui nous rend capables d’aimer et de pardonner comme il aime et pardonne.

Père Jean-Baptiste Arnaud, curé