« Parce que le Seigneur en a besoin »

Qui sont-ils ces curieux qui ce dimanche remontent la rue Saint-Louis-en-l’île, rameaux et palmes à la main, suivant un petit âne, aux sons de la trompette et des chants de joie : « Hosanna, hosanna » ? Qui sont-ils ces curieux qui entrent dans l’église pour écouter le récit de la Passion du Christ, abaissé jusqu’à la mort, élevé dans la gloire du ciel et qui communique à tout homme sa vie divine, la vie véritable, la vie en abondance ? Nous sommes tous une curiosité pour d’autres… Nous sommes tous des curieux invités au festin des noces de l’Agneau, des assoiffés et affamés de justice et de paix, d’amour et de vérité. Nous avons besoin d’être sauvés, c’est pourquoi nous crions dans l’allégresse et la confiance : « Hosanna » (c’est-à-dire : « Sauve-nous Seigneur », « Dieu sauve »), c’est pourquoi nous nous mettons à genoux à l’évocation de la mort de Jésus, nous frappant la poitrine, pleurant nos péchés, afin d’accueillir son pardon. Le contraste entre la joie des Rameaux et les larmes de la Passion n’est qu’apparent. Notre péché et son pardon nous sont révélés et communiqués en même temps. « Père pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ».

Nous avons tous besoin d’être sauvés. Mais une autre question surgit peut-être : pourquoi lui, Jésus, a-t-il voulu mourir sur la croix ? Avait-il besoin de nous sauver de cette manière-là ? Question lancinante… « Dieu qui nous a créés sans nous ne voulait pas nous sauver sans nous » aimaient à rappeler les premiers chrétiens.

Tout ce que vit Jésus, de sa naissance à Bethléem, jusqu’à sa mort et sa résurrection, il le vit pour nous. « Pour nous les hommes et pour notre salut » : ainsi se trouve condensée toute la foi chrétienne qui reconnaît l’amour inépuisable de Dieu pour nous en Jésus. Tout ce que vit Jésus sur terre comme au ciel il le vit avec nous. Il nous associe au salut, il sollicite notre désir, notre coopération, notre réponse. Ne serait-ce qu’en obéissant humblement à sa demande de détacher un petit âne : « parce que le Seigneur en a besoin », jusqu’à recevoir cette promesse : « aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis ». Nous qui sommes pourtant si fragiles, prompts à nous endormir ou à le renier…

Par lui, avec lui et en lui ; pour nous, avec nous et par nous : Dieu qui n’a pas besoin de nous, a voulu passer par nous, par l’humble condition humaine marquée par la mort et le péché, pour se faire connaître et aimer. La semaine qui s’achève nous l’a rappelé à travers tant de belles rencontres. « Si eux se taisent, les pierres crieront », « Toute langue proclame : Jésus Christ est Seigneur ». La Parole de Dieu passe par des lèvres humaines, un langage et des mots humains, afin de « soutenir celui qui est épuisé ». Par le baptême nous devenons une parole vivante, parole de serviteurs, de pécheurs pardonnés qui reçoivent cette mission avec saint Pierre : « quand tu seras revenu, affermis tes frères ».

Soyez tous les bienvenus à Saint-Louis en l’ile ! Que Dieu vous bénisse ! Belle et lumineuse semaine sainte !

Père Jean-Baptiste Arnaud, curé