POURQUOI ALLONS-NOUS À LA MESSE ?

Le dimanche des curieux représente un vrai défi. Nous allons inviter des gens à une activité qui, pour beaucoup, a l’image d’une corvée, d’un moment inutile, sinon assommant et ennuyeux. Certains d’entre eux trouvent les rites abscons et vides de sens. Si pendant des années, la peur, le conformisme social, le sens du devoir offraient des raisons de substitutions lorsque la ferveur était défaillante, aujourd’hui ces leviers sont souvent inopérants. Face à une société du divertissement, la messe fait pâle figure… Lors d’une confirmation, un enfant auquel l’évêque demandait s’il était prêt à aller à la messe tous les dimanches, lui répondit : « Est-ce que vous iriez voir le même film toutes les semaines ? » Pour quelqu’un qui regarderait l’extérieur lors de la messe, il n’y a pas l’air de se passer grand-chose… Le défi s’apparente à une mission impossible, au combat de David contre Goliath.

Inviter quelqu’un à venir à la messe implique de se confronter à une question très personnelle. Pourquoi vais-je à la messe ? Qu’est-ce que cela m’apporte ? Qu’est-ce que je cherche ? Qu’est-ce que j’attends ? Qu’est-ce que j’y trouve ou n’y trouve pas ? Les réponses peuvent être diverses : un moment de paix, la beauté des chants, la présence eucharistique, la ferveur de la prière, la présence des autres, l’homélie, la musique, l’écoute de la Parole de Dieu… Il est bon de reconnaître ce qui me fait du bien spirituellement, ce qui ressource, ce qui nourrit. Je quitte alors le registre du devoir pour celui du goût. Le dimanche des curieux devient une invitation à partager un moment de qualité avec quelqu’un que j’apprécie.

Cette expérience de la messe, nous voulons la rendre plus accessible, parce qu’il peut être intimidant de se retrouver à une célébration quand nous ne connaissons pas les codes, les rituels, les réponses, les gestes. Accompagner quelqu’un à la messe, c’est faciliter une rencontre. Votre rôle est indispensable, il permettra peut-être à quelqu’un de franchir un cap qu’il n’aurait jamais franchi tout seul. Le Seigneur ne nous demande pas de convertir, ni de convaincre, seulement d’inviter et de conduire. Le reste ne nous appartient pas. Il n’y a rien de plus beau que le témoignage d’une communauté qui prie et qui accueille. Parfois l’habitude nous fait oublier combien une célébration recueillie est un témoignage qui se passe de mots. Inviter quelqu’un à participer à la messe avec moi c’est avoir l’occasion de redécouvrir cette célébration avec un regard neuf, débarrassé de la lassitude.

Comme curé, je suis porté par votre ferveur lors de la messe dominicale. J’aime le moment juste après la communion, lorsque le chant s’achève et qu’un silence habité s’installe. C’est un moment suspendu et divin. Offrons à d’autres la possibilité d’entrevoir le bien que procure à l’âme ces moments d’intériorité et de prière où Dieu vient nous visiter.

                                                                       Père Jean-Baptiste Arnaud