Qu’êtes-vous allé voir ?

Que nous venions à la messe de temps en temps, régulièrement, très occasionnellement ou presque jamais, ce dimanche nous venons peut-être en répondant à l’invitation d’un proche, ne serait-ce que par curiosité ou par amitié. Quelles que soient nos motivations et nos raisons d’entrer dans l’église, la question nous est posée : « Qu’êtes-vous allé voir ? ». Dans l’évangile Jésus nous interroge à trois reprises… et il suggère quelques réponses possibles pour relancer et approfondir la question. Que sommes-nous venus voir ? « Un roseau agité par le vent ? ». Sommes-nous attirés par un influenceur à la mode, par les rumeurs et les tendances du moment, dont nous savons la fragilité et le caractère éphémère ? Que sommes-nous venus voir ? « Un homme habillé de façon raffinée dans les palais des rois ? » Le trésor des pierres et les décors artistiques de l’église comme la beauté des chants et de la liturgie, tout cela ne nous laisse pas indifférent, mais peut rester superficiel ou ambigu. « Un prophète ? Oui je vous le dis, et bien plus qu’un prophète ». En vérité nous sommes conduits à l’église, à la foi, à l’évangile, à Dieu lui-même par la voix d’un prophète. Jésus parle de Jean-Baptiste, le précurseur, celui qui écoute et qui porte la parole de Dieu au plus intime de sa conscience et sur les toits et les parvis !

Chrétiens, nous sommes tous prophètes, et plus que prophètes, puisque par le baptême nous sommes prêtres, prophètes et rois, pour sanctifier, parler et servir nos frères et sœurs avec patience et avec amour. Nous reconnaissons que nous avons tous soif de la vie véritable, que nous sommes tous appelés à témoigner : « Ne craignez pas, voici votre Dieu, il vient lui-même et va vous sauver ». Prophètes, nous savons aussi que nous ne sommes pas la source de notre assurance. « Es-tu celui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » demande Jean-Baptiste. Où sont les signes de Dieu ? Ses promesses vont-elles enfin s’accomplir ? La foi n’exclut pas l’obscurité ou les questions, au contraire elle les assume et les provoque. Dieu est infiniment patient envers nous et il nous rend patients les uns envers les autres, pour que nous puissions croire dans la nuit, et nous encourager, nous fortifier, nous affermir lorsque nous doutons, lorsque nous avons peur, lorsque nous perdons courage et espoir. Notre vocation prophétique consiste d’abord à nous laisser enfanter, à naître avec le Christ dans la nuit de Noël comme dans celle de Pâques, à devenir frères et sœurs du Christ et les uns des autres, pour vivre et témoigner de cette fraternité dans le monde.

père Jean-Baptiste Arnaud, curé