Veillez : Dieu veille, il nous réveille !

« Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure ». Veillons car nous ne savons pas l’heure du retour du Christ, du jugement dernier, de sa venue glorieuse. Dès ce dimanche commence le chemin qui nous conduit à l’Avent et à Noël. Veillons car nous ne savons pas l’heure de notre mort, de celle de nos proches, de tous les défunts pour qui nous prions, en faisant spécialement mémoire en ces jours des victimes des guerres. Veillons car nous ne savons pas quand se produira tel ou tel évènement, heureux ou dramatique. La venue de Dieu, dans les libertés humaines et les circonstances de l’histoire, constitue toujours une surprise, imprévue et inattendue. 

Veillons car nous sommes des pèlerins : le mois dernier de Notre-Dame du Perpétuel Secours à Notre-Dame des Otages, à pied, en bus ou en vélo ; il y a quelques jours vers Carthage sur les pas des Pères de l’Eglise et de saint Louis, des chrétiens d’hier et d’aujourd’hui ; dans quelques mois vers Ephèse sur les pas de saint Paul et de saint Jean, puis à Poissy à l’école de notre saint patron qui y reçut le baptême. Notre vie terrestre est un pèlerinage. Nous sommes citoyens des cieux, vivant ici-bas comme des étrangers domiciliés.

Veillons car Dieu veille en nous. Sages ou folles, les dix vierges de la parabole se sont endormies. « Je dors mais mon cœur veille » chante le Cantique des cantiques. Même Jésus dort sur le coussin à l’arrière du bateau. Si nous nous endormons, Dieu veille en nous, par l’huile de son Esprit saint reçu au baptême et à la confirmation. Sa grâce nous précède dès l’aurore. C’est lui qui agit en nous et devance nos désirs. Mystère du sommeil de l’homme que Dieu transforme, tel Adam ou Abraham. Mystère de la nuit où Dieu crée le monde et sauve son peuple, nuit bienheureuse où Jésus sort du tombeau et annonce son retour. « Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre ».

Veillons car Dieu nous réveille. Par un cri dans la nuit de Gethsémani : « Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation ». Par un cri de la trompette divine, au signal donné par l’ange qui ressuscite les morts et nous emporte sur les nuées du ciel. En nous réveillant il nous donne d’agir, par des efforts qui deviennent légers. Il ne s’agit pas de se rassurer ou de contenter d’un statut, fût-ce celui de chrétien, de prêtre, de consacré. Il ne suffit pas non plus de penser que les autres se préoccupent de notre salut et le gagnent pour nous en nous partageant leur huile. Il ne suffit pas de penser qu’il sera toujours temps, demain, de se convertir. « Je ne vous connais pas » : oui il peut être trop tard, l’enfer existe, et nous courrons le risque de nous couper de Dieu. Cette parole tranchante réveille notre désir de recevoir le pardon de Dieu.

Veiller et être réveillés. Dieu veille et réveille notre attention pour penser à tel voisin, ami, connaissance que nous pourrions inviter à la messe des curieux le dimanche 17 décembre. Dieu veille et éveille chez ces personnes la curiosité pour se laisser inviter, pour oser franchir le pas.

père Jean-Baptiste Arnaud