Devenir des « voyageurs ressuscités »

L’Évangile de ce troisième dimanche de Pâques nous dit qu’il y a deux disciples qui, après la mort de Jésus sur la croix, avaient décidé de s’éloigner de Jérusalem pour aller vers une ville de la mer : Emmaüs. Ils étaient sans doute de bons disciples qui avaient jusqu’à présent suivi fidèlement Jésus, et qui avaient même peut être prêché en son nom. Mais après la mort de leur Maître, ils sentent que tout est fini. Ils préfèrent s’en aller ailleurs et s’éloigner du groupe des autres disciples et des apôtres. Ils étaient des des errants. Ils ne savaient pas où ils finiraient.

Mais Jésus ressuscité est venu à leur rencontre. Il va se révéler à eux, pédagogiquement, à travers l’explication des Écritures et la fraction du pain, signe qui leur fera finalement ouvrir les yeux. Et comme les femmes qui virent Jésus au tombeau, ces deux disciples sont remplis de joie et retournent immédiatement à Jérusalem pour témoigner leur foi et leur espérance en Jésus Christ ressuscité.

Ce Jésus est le Voyageur divin qui marche toujours avec nous, comme l’avait dit le pape François lors d’une messe d’action de grâce pour la canonisation de Jean-Paul II, le 4 mai 2014, en l’église polonaise Saint-Stanislas à Rome. Le Saint Père nous invite donc à devenir des voyageurs ressuscités pour marcher avec ceux qui sont dans les épreuves : « Aujourd’hui Jésus est ici, il est parmi nous. Il est ici dans sa Parole, ici sur l’autel, il marche avec nous, il est le Voyageur ressuscité. Nous aussi nous pouvons devenir des voyageurs ressuscités, si sa Parole réchauffe notre cœur, et si son Eucharistie nous ouvre les yeux à la foi et nous nourrit d’espérance et de charité. Nous aussi nous pouvons marcher aux côtés de nos frères et sœurs qui sont tristes etdésespérés, réchauffer leur cœur avec l’Évangile et rompre avec eux le pain de la fraternité ».

En cette année jubilaire particulière de Saint Joseph et de Saint Louis, puissions-nous, à leur exemple, devenir voyageurs ressuscités brûlés d’amour et de charité.

P. Joseph Van Nam NGUYEN

« Voici le jour que fit le Seigneur, jour de fête et de joie »

L’Evangile aime les raccourcis, les condensés, les courts circuits. Un jour qui dure 8 jours, et même 50 jours. Pâques, l’Ascension et la Pentecôte constituent un seul mystère. Le soir de Pâques, Jésus souffle sur ses Apôtres et l’Esprit saint est déjà donné. « Mille ans sont comme un jour » dit le psalmiste. Quelle grâce de de pouvoir vivre chaque jour intensément ! La liturgie nous rend présents au pied de la croix, comme au cénacle, aujourd’hui, à chaque messe. 

L’Evangile aimerait-il aussi les utopies ? Les Apôtres ont tous trahi Jésus et voici qu’ils sont envoyés en mission ! D’un seul cœur et d’une seule âme, ils partagent tous leurs biens, et témoignent de la résurrection avec puissance. Comme tout cela peut nous paraître idéaliste. Alors posons-nous honnêtement la question : qu’est-ce cela change pour nous que le Christ soit ressuscité des morts ? Du plus spirituel – nous sommes pardonnés, nous pouvons témoigner – au plus temporel – allons-nous vraiment continuer à vivre comme avant ? « Ah non ! On va pouvoir manger du chocolat » me direz-vous… Est-ce vraiment ça la résurrection ? Oui en partie, mais en partie seulement. Comment allons-nous partager nos richesses, nous laisser bouleverser et bousculer par le fait que tant de pauvres meurent de faim, de solitude, de tristesse, de désespoir, dans nos rues et dans nos immeubles, comme aux portes de notre pays et de notre continent ?

La résurrection du Christ nous libère de la peur et de nos péchés. Nul n’est enfermé dans son péché. Pas plus les péchés d’égoïsme ou de gaspillage, que ceux de manque de foi : « si je ne vois pas, non, je ne croirai pas ! ». Pauvre Thomas dont on a fait le modèle du doute alors que notre foi s’appuie sur la sienne. En osant contempler les plaies du Christ, nos trahisons et nos reniements, nos péchés et les souffrances des pauvres, nous y découvrons le lieu paradoxal de la paix et de la joie du Christ ressuscité, la source d’un plus grand amour et de notre liberté de chrétiens. Avec Thomas nous pouvons déjà poser cet acte de foi magnifique : « Mon Seigneur et moi Dieu ». Appuyés sur sa foi, nous pouvons dire et vivre ces paroles transmises par le Christ : « tes péchés sont pardonnés », « ceci est mon corps, mon sang, ma vie livrés pour toi ».

Nous avons 50 jours pour entrer plus profondément dans la paix et la joie du Christ, pour disposer nos cœurs à recevoir l’Esprit Saint. Ensemble nous voulons vivre ce temps pascal comme une retraite de préparation à la Pentecôte, dont nous célébrerons la Vigile le samedi 22 mai à 21h, et comme un pèlerinage qui nous conduira à Notre-Dame de Liesse, source de toute joie le samedi 29 mai. Bon temps pascal !

Père Jean-Baptiste Arnaud, curé

Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité !

Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité ! Christ is risen, He is risen indeed !
Chúa đã Phục Sinh. Ngài đã thực sự Phục Sinh. Allêluia. Cristos a înviat ! Adevărat a înviat !!!

La résurrection transcende l’histoire. Le Christ échappe aux limites du temps et du lieu. Prenons l’exemple de l’avion qui avance sur la piste humide. A un moment donné, on ne voit plus les traces des roues car il a décollé ! C’est un peu cela la résurrection du Christ. Jésus a laissé des traces dans l’histoire, et maintenant il transcende l’histoire. C’est pourquoi nous avons Jésus de l’histoire et le Christ de la foi.

En venant au monde, Jésus avait le choix entre une venue glorieuse décrit par le prophète Daniel, et le Serviteur souffrant décrit par Isaïe. Autrement dit, choisir entre le chocolat et le pain sec, beaucoup voulaient le chocolat. Mais curieusement, Jésus a choisi le pain sec. Saint Paul dit à sa manière que « Dieu a choisi ce que le monde considère comme une folie pour confondre les sages, et il a choisi ce qui est faible pour couvrir de honte les puissants » (1Co 1,27).

La résurrection célébrée à Pâques est le sommet de la vie chrétienne. Mais aucun mot, aucune parole ne peut exprimer cet événement extraordinaire sur lequel les chrétiens fondent leur foi. Il y a cependant les Evangiles et ce qu’ils nous disent de ce mystère. Il nous est raconté que Marie-Madeleine qui faisait partie des amis de Jésus, le troisième jour après la mort de son Maître, a découvert son tombeau vide. Alors elle a pensé que l’on avait volé son corps. Mais peu de temps après, elle l’a vu. Oui, c’était bien lui, Jésus son maître. Il est bien VIVANT. Eh bien, Jésus était sorti des griffes de la mort, comme il l’avait déjà annoncé lui-même à ses proches !!!

Père Ovidiu ROBU

Dimanche des Rameaux et de la Passion

Avez-vous remarqué que le récit de l’entrée de Jésus à Jérusalem, que nous fêtons aujourd’hui, n’occupe qu’une infime partie de l’Évangile de ce dimanche ? Tout au plus 3 versets sur 10 ! Tout le reste, qui précède, tourne autour… de l’âne ! Ce petit âne, si cher au Seigneur qu’il a été tout spécialement préparé pour lui par son Père (« vous trouverez un petit âne attaché, sur lequel personne ne s’est encore assis »), et, semble-t-il si indispensable à son entrée messianique, qu’il va jusqu’à donner les instructions qui pareront à toute objection (« Si l’on vous dit : “que faites-vous là ?”, répondez : “le Seigneur en a besoin” »). Il est même incroyable de noter que l’âne est mentionné 4 fois, exactement autant que… le nom de Jésus… 

Alors chers amis, tenez-vous bien, mais voilà je crois ce que le Christ veut aujourd’hui dire à chacun : “sois mon âne”. C’est bien à cette place que tout chrétien est appelé à participer à l’entrée de Jésus dans la ville sainte, prémisses immédiates de la Rédemption. Bien sûr, nous sommes aussi cette foule, heureux d’acclamer, rameaux en mains, le Messie triomphant. Mais rappelons-nous cependant que c’est cette même foule qui dans cinq jours, se bousculera pour voir passer ce même Messie sous le bois de la Croix. Alors que notre âne est le théophore par excellence, celui qui porte Dieu au monde. N’est-ce pas là la mission de tout chrétien ? Prenons exemple sur cet âne des rameaux, sur celui de la fuite en Égypte, ou encore sur celui de la crèche. Leur mission est de porter le Christ, de le servir, de le mettre en valeur, pour que le monde entier le contemple, l’adore et le serve à son tour. 

       Soyons les ânes du Christ ! Bonne Semaine Sainte à chacun…

Père François BOUCHARD

Nous voudrions voir Jésus

Pourquoi venons-nous à la messe ce dimanche ? Par habitude ou par curiosité ? Parce que nous en avons besoin, que c’est une nourriture, un ressourcement, un appel ? Parce que c’est une sortie autorisée au début de ce nouveau confinement ? Parce que nous nous préparons à célébrer Pâques, la mort et la résurrection du Christ, en accompagnant les futurs baptisés et en replongeant dans notre propre baptême ? Parce que nous voulons retrouver nos amis ? Toutes ces raisons, et bien d’autres encore, s’entremêlent et nous poussent à franchir les portes de l’église, nous sommes tous les bienvenus, nous sommes chez Dieu et nous sommes chez nous. Toutes ces raisons expriment le désir parfois enfoui ou confus, parfois explicite et assumé, formulé dans l’évangile de ce dimanche ; « Nous voudrions voir Jésus ». L’être humain est fait pour contempler Dieu dès cette terre disait les premiers chrétiens. Oui, mais comment le voir, le reconnaître, le contempler ?

Jésus lui-même répond à la demande qui lui est adressée : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle ». Cette parole nous semble rude. Elle nous invite à lever les yeux vers la croix, signe de la souffrance de l’innocent portant sur lui toutes les douleurs injustes, tout le mal subi et tout le mal commis. « Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes ». Laissons-nous attirer par la croix du Christ révélation suprême de l’amour inconditionnel de Dieu pour chacun de nous. Jésus nous donne sa vie pour que nous ayons la vie et que nous donnions la vie en donnant notre vie. C’est cette vérité de la vie donnée, du bonheur de recevoir la vie d’un autre et de tout donner par amour qui nous pousse et nous attire : « Nous voudrions voir Jésus donner sa vie, nous voudrions donner notre vie comme lui ».

« Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? ». Cette réaction de Jésus, « avec un grand cri et dans les larmes », est aussi la nôtre. Devant un tel mystère et un tel débordement d’amour, face à une telle épreuve et à une telle exigence, que pouvons-nous dire ? Angoissés, bouleversés, hésitants au pied de la croix, quelle parole peut sortir de nos lèvres pour rendre compte de notre espérance, témoigner de notre foi, dire notre amour ? Laissons le Seigneur nous parler au cœur, au plus secret et au plus intime de nous-mêmes. « Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai sur leur cœur ». Accueillons ce commandement de l’amour, de Dieu, du prochain et de nous-mêmes, gravé, infusé en nous comme un cadeau précieux. Il est le bon pasteur qui connaît ses brebis et que ses brebis connaissent. Il est l’agneau immolé qui prend sur lui nos péchés, qui nous relève et nous délivre de tout mal, qui nous rend capables d’aimer et de pardonner comme il aime et pardonne.

Père Jean-Baptiste Arnaud, curé

FAIRE DE NOTRE PAROISSE UNE COMMUNAUTÉ FRATERNELLE

Deux conditions sont nécessaires pour qu’une paroisse soit missionnaire. La première est qu’elle soit une communauté dont la ferveur des temps de prière est perceptible. L’Église n’est pas un écran mais un chemin vers le Christ. Si elle ne permet pas d’élever l’âme, de ressentir la présence du Christ dans ses rites, elle passe à côté de sa mission. Une seconde condition est indispensable : une communauté chrétienne se doit d’être fraternelle, accueillante et ouverte car si elle est fermée sur elle-même, elle exclut et repousse.

Depuis le début de son pontificat, le pape François ne cesse de multiplier les images pour tenter d’esquisser la physionomie de l’Église qu’il porte et désire rendre vivante. Elle est comme une famille, comme un hôpital de campagne près d’un champ de bataille où l’on peut venir soigner ses blessures… « L’Église doit être le lieu de la miséricorde gratuite, où tout le monde peut se sentir accueilli, aimé, pardonné et encouragé à vivre selon la bonne vie de l’Évangile. (…) Je désire demander spécialement aux chrétiens de toutes les communautés du monde un témoignage de communion fraternelle qui devienne attrayant et lumineux. Que tous puissent admirer comment vous prenez soin les uns des autres, comment vous vous encouragez mutuellement et comment vous vous accompagnez. » (Pape François)

Notre tendance ira toujours vers une économie d’énergie, vers ce qu’il y a de plus simple, de moins coûteux. S’ouvrir aux autres réclame de le choisir, de poser des actes conscients pour lutter contre nos appréhensions, nos a priori, nos peurs. Il est bon en ce Carême de veiller à participer à l’accueil et l’ouverture de notre paroisse. Parfois nous pouvons en avoir le désir mais nous ne voyons pas forcément comment faire. La première étape consiste peut-être, lorsque nous arrivons à la messe le dimanche, à saluer les personnes qui sont assises à côté de nous. Ou, à la sortie de la messe ou quand nous participons à une activité de la paroisse, plutôt que de rejoindre les personnes que nous connaissons, commencer par se présenter auprès de ceux que nous apercevons sans vraiment les connaître. Le premier pas est le plus dur. Mais ensuite quelle joie !

Dans son livre « la Sagesse d’un pauvre », Eloi Leclerc donne la parole à saint François :« Évangéliser un homme, vois-tu, c’est lui dire : Toi aussi tu es aimé de Dieu dans le Seigneur Jésus. Et pas seulement lui dire, mais le penser réellement. Et pas seulement le penser, mais se comporter avec cet homme de telle manière qu’il sente et découvre qu’il a en lui quelque chose de sauvé, quelque chose de plus grand et de plus noble que ce qu’il pensait, et qu’il s’éveille ainsi à une nouvelle conscience de soi. C’est cela, lui annoncer la Bonne Nouvelle. Tu ne peux le faire qu’en lui offrant ton amitié. Une amitié réelle, désintéressée, sans condescendance, faite de confiance et d’estime profonde. »

Évangéliser est un mot qui intimide et qui fait peur. La barre peut sembler un peu haute. Annoncer la bonne nouvelle c’est d’abord chercher à la mettre en pratique. Voilà peut-être la troisième condition pour qu’une paroisse soit missionnaire : qu’elle mette en acte la Parole qu’elle proclame, par l’humilité, le sourire, le partage, la bienveillance, le pardon, la miséricorde, le réconfort, la joie. C’est par l’amitié que les premiers disciples ont connu Jésus : André a emmené Pierre son frère à Jésus ; Philippe son ami Nathanaël. Sans l’amitié, sans des relations personnelles, rien ne se serait passé. Le Seigneur m’invite donc à développer une culture de l’amitié et de la bienveillance, et à ouvrir mon horizon au-delà de mon cercle habituel.

Père Jean-Baptiste ARNAUD, avec les prêtres, diacre et séminaristes de Saint-Louis en l’Ile.

POURQUOI ALLONS-NOUS À LA MESSE ?

Le dimanche des curieux représente un vrai défi. Nous allons inviter des gens à une activité qui, pour beaucoup, a l’image d’une corvée, d’un moment inutile, sinon assommant et ennuyeux. Certains d’entre eux trouvent les rites abscons et vides de sens. Si pendant des années, la peur, le conformisme social, le sens du devoir offraient des raisons de substitutions lorsque la ferveur était défaillante, aujourd’hui ces leviers sont souvent inopérants. Face à une société du divertissement, la messe fait pâle figure… Lors d’une confirmation, un enfant auquel l’évêque demandait s’il était prêt à aller à la messe tous les dimanches, lui répondit : « Est-ce que vous iriez voir le même film toutes les semaines ? » Pour quelqu’un qui regarderait l’extérieur lors de la messe, il n’y a pas l’air de se passer grand-chose… Le défi s’apparente à une mission impossible, au combat de David contre Goliath.

Inviter quelqu’un à venir à la messe implique de se confronter à une question très personnelle. Pourquoi vais-je à la messe ? Qu’est-ce que cela m’apporte ? Qu’est-ce que je cherche ? Qu’est-ce que j’attends ? Qu’est-ce que j’y trouve ou n’y trouve pas ? Les réponses peuvent être diverses : un moment de paix, la beauté des chants, la présence eucharistique, la ferveur de la prière, la présence des autres, l’homélie, la musique, l’écoute de la Parole de Dieu… Il est bon de reconnaître ce qui me fait du bien spirituellement, ce qui ressource, ce qui nourrit. Je quitte alors le registre du devoir pour celui du goût. Le dimanche des curieux devient une invitation à partager un moment de qualité avec quelqu’un que j’apprécie.

Cette expérience de la messe, nous voulons la rendre plus accessible, parce qu’il peut être intimidant de se retrouver à une célébration quand nous ne connaissons pas les codes, les rituels, les réponses, les gestes. Accompagner quelqu’un à la messe, c’est faciliter une rencontre. Votre rôle est indispensable, il permettra peut-être à quelqu’un de franchir un cap qu’il n’aurait jamais franchi tout seul. Le Seigneur ne nous demande pas de convertir, ni de convaincre, seulement d’inviter et de conduire. Le reste ne nous appartient pas. Il n’y a rien de plus beau que le témoignage d’une communauté qui prie et qui accueille. Parfois l’habitude nous fait oublier combien une célébration recueillie est un témoignage qui se passe de mots. Inviter quelqu’un à participer à la messe avec moi c’est avoir l’occasion de redécouvrir cette célébration avec un regard neuf, débarrassé de la lassitude.

Comme curé, je suis porté par votre ferveur lors de la messe dominicale. J’aime le moment juste après la communion, lorsque le chant s’achève et qu’un silence habité s’installe. C’est un moment suspendu et divin. Offrons à d’autres la possibilité d’entrevoir le bien que procure à l’âme ces moments d’intériorité et de prière où Dieu vient nous visiter.

                                                                       Père Jean-Baptiste Arnaud

« VOICI QUE NOUS MONTONS A JERUSALEM… » (Mt 20, 18)

Le CARÊME un temps pour renouveler notre foi, notre espérance et notre charité

Dans ce temps de conversion, nous renouvelons notre foi, nous puisons « l’eau vive » de l’espérance et nous recevons le cœur ouvert l’amour de Dieu qui fait de nous des frères et des sœurs dans le Christ. Dans la Nuit de Pâques, nous renouvellerons les promesses de notre baptême pour renaître en hommes et femmes nouveaux par l’intervention du Saint Esprit. L’itinéraire du Carême, comme l’itinéraire chrétien, est déjà entièrement placé sous la lumière de la résurrection, qui inspire les sentiments, les attitudes ainsi que les choix de ceux qui veulent suivre le Christ.

Le jeûne, la prière et l’aumône, tels que Jésus les présente dans sa prédication (cf. Mt 6, 1-18) sont les conditions et les expressions de notre conversion. Le chemin de la pauvreté et du manque (le jeûne), le regard et les gestes d’amour vers l’homme blessé (l’aumône), et le dialogue filial avec le Père (la prière), nous permettent d’incarner une foi sincère, une vivante espérance et une charité active.

1. La foi nous appelle à accueillir la Vérité et à en devenir des témoins, devant Dieu et devant tous nos frères et sœurs. (…) Le jeûne, vécu comme expérience du manque, conduit ceux et celles qui le vivent dans la simplicité du cœur à redécouvrir le don de Dieu et à comprendre notre réalité de créatures à son image et ressemblance qui trouvent en lui leur accomplissement. En faisant l’expérience d’une pauvreté consentie, ceux qui jeûnent deviennent pauvres avec les pauvres et ils « amassent » la richesse de l’amour reçu et partagé (…)

2. L’espérance, comme “eau vive” qui nous permet de continuer notre chemin (…) En recevant le pardon, dans le sacrement qui est au cœur de notre démarche de conversion, nous devenons, à notre tour, des acteurs du pardon. Nous pouvons offrir le pardon que nous avons-nous-mêmes reçu, en vivant un dialogue bienveillant et en adoptant un comportement qui réconforte ceux qui sont blessés. Le pardon de Dieu permet de vivre une Pâque de fraternité aussi à travers nos paroles et nos gestes. (…) Vivre un Carême d’espérance, c’est percevoir que nous sommes, en Jésus-Christ, les témoins d’un temps nouveau, dans lequel Dieu veut « faire toutes choses nouvelles » (cf. Ap 21, 1-6) (…)

3. La charité, quand nous la vivons à la manière du Christ, dans l’attention et la compassion à l’égard de chacun, est la plus haute expression de notre foi et de notre espérance (…) La charité se réjouit de voir grandir l’autre. C’est la raison pour laquelle elle souffre quand l’autre est en souffrance : seul, malade, sans abri, méprisé, dans le besoin… La charité est l’élan du cœur qui nous fait sortir de nous-mêmes et qui crée le lien du partage et de la communion. (…) La charité est don. Elle donne sens à notre vie. Grâce à elle, nous considérons celui qui est dans le manque comme un membre de notre propre famille, comme un ami, comme un frère. Le peu, quand il est partagé avec amour, ne s’épuise jamais mais devient une réserve de vie et de bonheur (…) Ainsi en est-il de notre aumône, modeste ou grande, que nous offrons dans la joie et dans la simplicité.

Message du pape François pour le Carême 2021

EVANGÉLISER PAR LA PRIÈRE – DIMANCHE DES CURIEUX 21 MARS

Il n’est possible d’évangéliser que si notre relation à Dieu est vive et intense. Dans l’évangile de ce dimanche, le lépreux accourt vers Jésus il lui dit toute sa confiance : « Si tu le veux, tu peux me purifier ». Une fois guéri, il ne peut retenir sa joie débordante : « Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle ». Quand la Samaritaine s’est rendue au village voisin pour inviter les habitants à venir voir qui est Jésus, c’est parce qu’il s’est passé quelque chose au cours de cette rencontre. Elle a découvert un homme qui lui a dit tout ce qu’elle avait fait, qui la connaissait, qui a éveillé en elle une soif, un désir qu’elle n’avait pas su assouvir jusque-là. Elle s’est sentie reconnue sans être jugée par quelqu’un qui pourtant connaissait les vicissitudes de sa vie. Cette femme n’est pas hésitante. Immédiatement elle pose sa cruche et court au village.

Si nous venons à la messe le dimanche c’est parce que le Christ a déjà une place dans notre vie, qu’il compte au point que nous voulions lui offrir du temps dans nos semaines déjà bien prises. Le Seigneur connaît le prix de l’offrande de notre temps. Mais tout comme les relations amicales ou amoureuses, notre relation à Jésus peut connaître des saisons, des automnes, des hivers et aussi des renaissances. Si nous traversons un désert, nous pouvons demander la grâce d’une âme plus fervente, d’un amour de Dieu plus vivant et conscient.

J’aimerais que nous puissions redécouvrir cette semaine l’importance du silence. Si la foi consiste à entendre Dieu nous parler, il faut commencer par apprendre à nous taire.  Quand nous aimons quelqu’un, le silence partagé est le signe d’une intimité profonde.
Pour que le silence apparaisse il est bon de calmer notre esprit, en commençant par habiter notre cœur, couper avec ce qui nous retient au passé ou nous préoccupe. Le silence crée en nous un espace qui nous apaise, nous aide à prendre une juste distance aux événements, nous offre un authentique repos. Au cœur de cet espace, Dieu peut agir. La transformation sous l’action de la grâce est très lente. Notre génération habituée à l’immédiateté a bien du mal à s’y retrouver.

Durant ces temps de prière silencieuse, je demande au Seigneur de m’aider à discerner 3 personnes que je connais par mon travail, dans ma famille, mes amis, l’école, les loisirs et qui ne connaissent pas Jésus ou n’ont pas ou plus de lien avec Lui. Les « curieux »  ne sont pas des inconnus : ce sont des personnes de mon entourage avec qui j’ai une relation de confiance.

Les prêtres, diacre, séminaristes et le conseil pastoral de Saint-Louis en l’Ile

« Tout le monde te cherche »

Quelle joie d’accueillir le Forum Wahou dans notre église ! Ce cri de Pierre et des disciples dans l’évangile de ce dimanche résonne en nos cœurs. « Tout le monde te cherche Seigneur ! », « Heureux les affamés et assoiffés de la justice ». Nos contemporains sont habités par ce désir profond de la vie véritable. Qu’avons-nous à leur proposer ? La beauté et la fragilité de l’amour humain porté, imprégné et guéri par l’amour de Dieu. La joie de vivre l’Evangile, de partager la foi, de témoigner de l’espérance, de prendre soin les uns des autres, de veiller sur les plus vulnérables. Suivons Jésus qui nous entraîne : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Evangile ; car c’est pour cela que je suis sorti ».

Ecoutons le pape François : « Un chrétien, s’il n’est pas révolutionnaire, n’est pas chrétien. Dans l’Évangile, il est beau le passage qui nous raconte que le berger revient et s’aperçoit qu’il lui manque une de ses 99 brebis et part la chercher… Frères et sœurs, mais nous en avons une seule, il nous en manque 99 ! Nous devons demander au Seigneur la générosité, le courage et la patience pour sortir et annoncer l’Évangile. Il est plus facile de rester à la maison avec notre unique brebis, pour la brosser et la caresser, mais nous les prêtres et tous les chrétiens, le Seigneur veut que nous soyons des pasteurs, pas des brosseurs de brebis. Il y a eu beaucoup de révolutionnaires dans l’histoire, mais aucun n’a eu la force de la révolution apportée par Jésus, une révolution qui change en profondeur le cœur de l’homme ».

La foi chrétienne a déjà initié une authentique révolution. Paul proclame que tous, esclaves, homme libres, hommes ou femmes participent à la même dignité de fils de Dieu. A ceux qui pensent que les dieux sont objets de crainte et de soumission, il annonce un Dieu aimant et miséricordieux. Personne n’a jamais parlé de la sorte… C’est parce que le discours des apôtres était révolutionnaire qu’il s’est répandu comme une traînée de poudre. Et c’est parce que le message de l’Eglise n’est plus perçu comme révolutionnaire mais plutôt rétrograde, c’est parce que pour beaucoup il a des airs de déjà vu, voire se résume à un contenu simpliste, ou moralisant, qu’il est devenu inaudible.

L’Évangile nous pousse-t-il à être révolutionnaire ? A sortir de notre zone de confort ? Nous bouscule-t-il ? Ne risquons-nous pas de réduire l’Eglise à un petit cocon où il est bon de se retrouver « entre soi » et l’Évangile à un code de bonne conduite ? Saint Paul nous dit dans la 2ème lecture : « Annoncer l’Evangile ce n’est pas là pour moi un motif de fierté, c’est une nécessité qui s’impose à moi. Malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile !».

Père Jean-Baptiste ARNAUD, curé