La Samaritaine, les catéchumènes et les curieux

Déjà le 3ème dimanche de carême… Certains se disent qu’il n’a toujours pas commencé, ou qu’il s’est déjà interrompu. Nous voudrions tant ne pas nous contenter d’être velléitaires, sans tomber dans le volontarisme. Entre découragement et résignation nous pouvons crier vers le Seigneur comme le peuple dans le désert : « Le Seigneur est-il au milieu de nous oui ou non ? ». Nos vraies raisons d’adresser à Dieu notre souffrance devant les épreuves de la vie, face à nos difficultés à nous convertir, cachent parfois une récrimination, un murmure contre Dieu, un manque de confiance en lui. « Aujourd’hui écouterons-nous sa parole ? » demande le psaume invitatoire qui ouvre chacune de nos journées.

Dans 2 semaines, le 25 mars, commencera notre Semaine des curieux. Certains s’inquiètent en se demandant comment être missionnaires, évangéliser, sortir de nous-mêmes et de notre zone de confort, chercher les mots pour inviter, trouver à qui proposer de participer à telle ou telle activité de la semaine, spécialement à la procession et à la messe des Rameaux. Nous craignons souvent de ne pas savoir quoi dire, de paraître ridicule, d’essuyer un refus. Comme le peuple assoiffé nous manquons de ressources, nous nous sentons vulnérables et pas prêts à inviter et à témoigner. « Venez, entrez, oui c’est lui notre Dieu » dit encore le même psaume 94.

Le Christ nous surprend toujours. Il vient, lui-aussi fatigué, affaibli, à notre rencontre et il nous sollicite dans notre pauvreté. Nous qui sommes pécheurs, éloignés de lui il nous demande à boire. Le sommet de la mission ne consiste pas d’abord à apporter quelque chose à quelqu’un, mais à demander et recevoir de l’autre ce que le Christ veut me donner par lui, de lui permettre de donner et de se donner. « Donne-moi à boire » dit Jésus à la Samaritaine. « J’ai soif » implore-t-il sur la croix. Quel renversement de perspective !

Le Christ nous devance toujours. « Si tu savais le don de Dieu ». Le carême nous conduit à reconnaître le don premier et surabondant de Dieu, pour ne pas entrer en tentation, habités par la lumière de la résurrection déjà manifestée sur la montagne de la transfiguration. La samaritaine, une femme étrangère, les catéchumènes, appelés par Dieu à recevoir le baptême, les curieux que nous inviterons sont autant de signes de cette surprise déroutante et de cette grâce prévenante à laquelle nous sommes parfois devenus habitués ou insensibles.

Nous sommes tous des samaritaines, des catéchumènes, des curieux , affamés, assoiffés, que le Christ invite et pour qui il donne sa vie alors même qu’il nous révèle que nous sommes pécheurs. Et il fait de nous des missionnaires capables de témoigner de lui : « Nous l’avons vu et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde ».

Les deux dimensions du Carême

La finalité propre du carême consiste à s’unir davantage au Christ, ou plus véritablement de le laisser s’unir davantage à nous. Mais cela comporte deux dimensions : personnelle et collective. Souvent, nous posons pendant le carême des choix personnels : je prie plus, je donne tant à telle association, je jeûne le vendredi, en espérant par-là m’ouvrir davantage à la miséricorde de Jésus. C’est excellent et Jésus et la tradition mystique nous le demandent. Cette dimension-là peut déjà être difficile à croire du fait de nos blessures, de nos péchés. 

Jésus peut-il vraiment vouloir se donner à « l’avorton que je suis » comme dit saint Paul ? La victoire de Pâques sera pourtant donnée à tous ! Jésus n’aime pas une masse informe comme les totalitaires, il m’aime moi. Mais comme dit Vatican II, par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme. Je ne peux pas laisser Jésus s’approcher de moi sans du coup m’approcher de toute l’humanité. C’est en fait la seule manière de s’approcher de toute l’humanité. 

Aujourd’hui, cela peut sembler encore plus compliqué à croire. Pourtant, par notre effort à Hiver solidaire, nous n’avons pas seulement aidé quelques SDF, nous nous sommes aussi redits à quel point tout être humain a droit à être inséré dans la communauté. Quand une famille accepte le sacrifice d’accueillir un enfant non désiré, elle redit que toute vie est sacrée. Il peut sembler que notre jeûne ne sert à rien à la paix en Ukraine, mais l’avidité, l’orgueil, sont à la racine de toutes les guerres. En cherchant une vie sobre, nous faisons grandir la paix. Comme disait Thérèse de Lisieux, tout acte bon élève toute l’humanité. Demandons la grâce d’y croire davantage.

père Matthieux Villemot, vicaire

Les yeux fixés sur Jésus Christ, entrons dans le combat de Dieu

Chaque jour du carême débute par ces mots, que nous chantons chez nous ou à l’église lors de l’office des laudes [1]. Par le Christ, avec lui et en lui : le carême est d’abord son combat contre les tentations au désert, sa montée vers Jérusalem, sa descente dans la passion, son élévation sur la croix et sa résurrection d’entre les morts. Nous entrons dans le combat de Dieu pour ne pas entrer en tentation, comme nous le demandons dans le Notre Père. Ces 40 jours sont un temps béni pour découvrir d’une manière nouvelle ce que signifie être fils et filles de Dieu par le baptême. D’abord, en accompagnant les catéchumènes qui seront plongés dans l’eau et l’Esprit durant la vigile pascale le samedi 8 avril à 21h ; nous prions ainsi chaque jour pour Louis et pour Elie. Ensuite, en approfondissant notre vocation et notre mission de baptisés, depuis plus ou moins longtemps. 

Le carême, comme le baptême, est un chemin paradoxal. Nous le vivons seul, dans le secret du Père, au plus intime de nous-même, dans la pièce la plus retirée de notre maison ; et nous le pratiquons ensemble, en communauté, en faisant sonner du cor, en nous réunissant pour apprendre à prier les jeudis 9 et 16 mars, en suscitant par notre témoignage la curiosité de ceux que nous voulons inviter pour la messe des curieux le 2 avril et tout au long de la semaine des curieux qui la préparera à partir du 25 mars. Le carême est un « itinéraire synodal » insiste le pape François dans le message qu’il nous adresse. Chacun s’y engage personnellement, et tous, nous nous portons les uns les autres comme ce paralytique que l’on amène à Jésus en passant par le toit de la maison.

Nous nous portons les uns les autres et nous nous laissons avant tout porter par Dieu. Il s’agit d’entrer dans sa tendresse, de ne pas refuser ses dons, son amour, de nous laisser transfigurer, transformer de l’intérieur d’un rayonnement qui se traduit dans nos actes, nos paroles, nos gestes. En ce début de carême chacun est invité à discerner et à décider ce à quoi il se sent appelé pour vivre davantage en vérité comme fils et fille bien-aimés du Père miséricordieux. Nous pourrions peut-être écrire sur un papier nos engagements pour ce carême, dans la prière, le jeûne et l’aumône, et déposer ces mots chez nous dans notre coin-prière ou à l’église dans une panière. Ces décisions sont à la fois ponctuelles – le carême est un temps particulier et intense d’exercice spirituel, d’entraînement au combat spirituel – et permanentes, pour retrouver enraciner en nous des dispositions et une conversion durables à l’amour qui vient de Dieu. Bon et saint carême !

[1] A 7h30 en semaine (8h30 le dimanche), cet office dure 20 minutes, n’hésitez pas à y participer, cela transformera vos journées !

Père Jean-Baptiste Arnaud, curé

Faisons le ménage

Saint Paul a dit : « Vous êtes le Temple de Dieu » (1 Co 3, 16). Ce temple il faut en prendre soin. Dans trois jours commence le Carême et nous aurons 40 jours pour nous préparer et faire le ménage : c’est dire sortir le balai, chasser la poussière, tout essuyer et astiquer avec vigueur.

Il ne s’agit pas du tout de refaire le temple que le Seigneur nous a confié et avec lequel il veut que nous le suivions comme nous sommes, même avec les scories de nos tempéraments. D’ailleurs, s’il est à refaire ce temple, c’est le Seigneur qui le fera dans le secret de nos cœurs. Tout ce qu’il nous faut faire pour le Carême c’est de nous mettre en route.

Alors prenons le balai pour chasser la poussière, lâchons prise des phrases équivoques qui nous guettent continuellement : “faites-vous plaisir”, “pas de souci”, … celles qui sortent d’un monde virtuel et froid. Ces phrases nous incitent à agir sans même chercher à savoir si elles sont justes et appropriées. Débarrassons nos cœurs, retrouvons notre liberté d’enfants de Dieu.

N’oublions pas d’essuyer nos cœurs avec l’Évangile pour trouver le chemin qui suit la volonté de Dieu. Prions le Saint Esprit de nous donner un bon discernement et la force de le suivre. 

Pour achever ce travail, astiquons le tout avec des temps quotidiens de cœur à cœur avec le Seigneur. Ceci est capital, car sans nous en donner l’occasion, nous n’écoutons pas vraiment son appel. 

Mettons-nous à l’œuvre et nous trouverons la douceur, le sens de l’humour, le frein à nos langues, l’écoute de l’autre et nous discernerons mieux les efforts de charité à faire.

Bon travail, bonne route vers Pâques et soyons de vrais enfants du Père !

Robert Mc Keon, diacre

«Que votre parole soit ‘oui’, si c’est ‘oui’, ‘non’, si c’est ‘non’»

(Mt 5, 37)

Dieu ne s’impose pas. Il suscite notre réponse libre à son projet d’amour et de salut pour nous et pour la multitude. Il court aussi le risque que nous lui disions « non ». Si c’est non, c’est non… jusqu’à ce nous prononcions librement ce « oui », « qu’il me soit fait selon ta parole ». Nous avons reçu au baptême la force de dire non au péché et de choisir librement l’amour de Dieu, nous recevons à nouveau dans le sacrement de la réconciliation la capacité réelle de ne plus pécher. « Va et désormais ne pêche plus », ce n’est pas d’abord un ordre mais un don, une force pour vivre selon notre vocation, « saints et immaculés dans l’amour ».

Ce dimanche plusieurs d’entre nous reçoivent le sacrement des malades, c’est une grâce pour eux, pour le corps, l’âme et l’esprit, et pour toute l’assemblée et même pour tout le quartier et pour tous ceux que nous rencontrerons. « Par cette onction sainte, que le Seigner en sa grande bonté, vous réconforte par la grâce de l’Esprit Saint, ainsi, vous ayant libéré de tous péchés qu’il vous sauve et vous relève » dit le prêtre en faisant une onction d’huile sut le front et sur les mains.

Les bienfaits de Dieu sont toujours débordants, ruisselants, au-delà de ce que nous pouvons imaginer. Le « oui » prononcé aujourd’hui par nos frères et sœurs qui reçoivent ce sacrement et le don de force, de consolation, de guérison, nous fortifie nous aussi.

En ce jour, nous rendons grâce pour les 15 ans d’Hiver solidaire à Paris, dont 3 ans à Saint-Louis en I’lle ! Merci à tous les bénévoles passés, actuels… et futurs qui disent oui à Dieu et à leurs frères les plus pauvres.

En ce jour, des paroissiens disent oui à la mission et se lancent dans la préparation de la Semaine des curieux (25 mars – 2 avril). Faites-vous déjà partie d’une équipe de paroissiens pour prendre en charge une des activités d’accueil, de rencontre et d’évangélisation de cette belle semaine avant les Rameaux?

En ce jour, les enfants du catéchisme présentent une pièce de théâtre répétée depuis le mois de septembre alliant la parole et la cuisine, le Verbe se fait chair, l’Emmanuel se fait manuel… et la messe se prolonge par un apéro fraternel !

En ce jour, des frères et sœurs se tiennent à notre disposition et à notre écoute afin de prier pour nous et avec nous, pour toutes nos intentions, nos actions de grâce, nos fardeaux. Notre prière devient ainsi plus fraternelle !

Tous ces engagements, ces évenements et ces rencontres, sont des signes de la fidélité de Dieu, de son « oui » pour nous, afin que notre oui soit oui, pour Dieu, pour nos frères, pour répondre à l’appel, aux appels, et engager notre liberté dans la foi, l’espérance et la charité.

Père Jean-Baptiste Arnaud, curé

Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde

Vous, c’est-à-dire nous tous, les baptisés, individuellement et communautairement, en Eglise.

Jésus dit : « Vous êtes » et non pas « vous devez être » ce qui signifie qu’être sel et lumière, c’est d’abord un don, gratuit et immérité. Un don et un appel. Pas un appel à devenir sel et lumière par nos propres forces mais à devenir peu à peu ce que nous sommes par grâce !

D’ailleurs l’histoire de l’Eglise montre bien que si elle a été sel et lumière, -et elle l’a été, et elle l’est encore, envers et contre tout-, c’est bien par grâce et jamais quand elle compte sur ses propres forces. On voit le très clairement ces jours-ci encore alors que la lumière commence à se faire dans certains des sous-sols les plus nauséabonds, pourris faute d’être salés du bon sel de l’Evangile de quelques-uns des groupes les plus en vue du catholicisme des dernières décennies ! La lumière et le sel de l’Evangile ne sont décidément pas ceux, clinquants, mondains, du succès, de l’efficacité, du prestige mais la douce lumière du don de soi, la pointe de sel de l’attention aux autres qui donnent relief et goût à la vie. Une Lumière qui n’est que le reflet de celle qui émane du visage de celui qui a dit : Je suis la lumière du monde (Hb 8, 12), un sel qui tire sa force de l’accueil d’une Parole plus incisive qu’un glaive à deux tranchants (Hb 4, 12).

Baptisés, nous sommes de fait sel de la terre et lumière du monde. Alors devenons, résolument, ce que nous sommes par pure grâce sans aucun….ou tellement peu, de mérite de notre part.

Père Gilles Drouin

Ecole française

Nous avons fêté ces jours-ci le quatrième centenaire de Saint François de Sales, l’une des sources de l’école française de spiritualité très présente dans notre Église entre autres grâce à la très jolie chapelle du Sacré-Cœur (il est rare que l’esthétique du Sacré-Cœur soit à la hauteur de sa théologie). Quels sont les axes de cette école française qui marque encore tant la France ? 

D’abord, bien sûr, contempler concrètement l’humanité de Jésus. La détailler dans ses actes : Jésus a été allaité par sa mère, il a été baptisé, il agonisé à Gethsémani, par-dessus tout il est mort et il est ressuscité. Partant de là, découvrir que toute grâce découle de cette humanité, et spécialement de ce cœur « qui a tant aimé les hommes ». Cette grâce, c’est d’abord celle de la miséricorde. Saint François insistait souvent pour qu’on attire les âmes par la douceur de Jésus bien plus que par la rigueur. Jésus n’est mort que pour des pécheurs, parce qu’il n’a trouvé que cela. Même sa Mère, nous le disons chaque 8 décembre, n’est l’Immaculée Conception que parce que son Fils est mort pour elle. Mais de ces pécheurs, il veut faire des saints : « soyez parfaits comme votre Père est parfait ». Comme il l’a promis à sainte Marguerite-Marie (religieuse de la Visitation fondée par saint François de Sales), il veut que son cœur devienne notre cœur pour que nous vivions comme lui. Pour cela, il faut le rencontrer dans l’oraison et particulièrement dans les sacrements où il se donne en personne. 

L’école française de spiritualité a pesé très lourd dans l’habitude célébrer la messe et de communier tous les jours. Elle fut pour cette raison haïe par le jansénisme qui voulait une communion très rare et qui a condamné le culte du Sacré-Cœur au concile de Pistoie. Elle a aussi généralisé la confession mensuelle. Saint François fut aussi le premier auteur d’importance convaincu qu’il faut initier tous les baptisés à l’oraison et l’école française a repris cette ambition. La rencontre affectueuse de Jésus n’est pas réservée aux religieuses. Nous sommes tous invités à vivre ce cœur à cœur gratuit. Car c’est peut-être finalement la pointe de Saint François de Sales et de l’école française : Jésus nous aime gratuitement, nous n’avons rien fait pour mériter d’être aimés puisque Jésus nous aimait avant de nous créer.

Père Matthieu Villemot, vicaire

Pour que soit accomplie la Parole

Dimanche de la Parole de Dieu

Depuis 2019, ce 3ème dimanche du temps ordinaire, au cœur de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, est aussi consacré à la Parole de Dieu. Quelle place prend-elle dans notre vie ? Comment sommes-nous attentifs à la manière dont Dieu nous parle à nous aujourd’hui, ici et maintenant ? Par l’Ecriture sainte, l’Ancien et le Nouveau Testament ? Par des évènements, des rencontres, des circonstances, des personnes ? Dans le secret des cœurs et des consciences qui s’en trouvent éclairées pour nous permettre de discerner et de décider dans la paix ?

Oui la Parole de Dieu s’accomplit, nous en sommes témoins tous les jours à Saint- Louis ! La Parole de Dieu s’accomplit quand les enfants et les adultes se retrouvent pour lire la Bible, au catéchisme ou à Dei Verbum, se rassemblent pour prier et se porter les uns les autres dans une équipe fraternelle (Syméon, prière des mères, FRAT Saint Louis, hommes adorateurs, femmes adoratrices, jeunes foyers…). La Parole de Dieu s’accomplit quand des paroissiens s’engagent pour Hiver solidaire, pour le café des bains-douches, pour veiller les uns sur les autres. La Parole de Dieu s’accomplit quand des catéchumènes demandent le baptême, quand des fiancés s’engagent dans le mariage, quand des personnes souffrantes demandent une visite, la communion, ou le sacrement des malades, quand des séminaristes, des religieux et religieuses répondent à l’appel du Christ : « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes ». Leur témoignage nous redit que cet appel est adressé à chacun de nous afin que la Parole de Dieu s’accomplisse en nous et à travers nous.

« Venez à ma suite » : c’est le temps des pèlerinages, pour devenir disciples et frères, marcher à la suite du Christ et des saints. Nous le ferons de Lourdes à Royaumont au printemps, de Carthage à Ephèse l’an prochain.

« Je vous ferai pêcheurs d’hommes » : c’est le temps de la mission, pour aller à la pêche avec le Christ, témoigner de la joie de sortir des eaux de la mort et d’entrer dans la vie véritable. Nous le ferons dans la semaine des curieux pour entraîner notre quartier, nos voisins, nos amis, ne serait-ce que par curiosité, dans cette belle aventure.


Pour que soit accomplie la Parole.

Père Jean-Baptiste Arnaud, curé

« Adam, où es-tu ? » (Genèse 3,9)

Homme, où es-tu ? : pourquoi cet appel ? Suis-je prêt à y répondre ? Ecoutons Maître Eckhart!

« Jamais homme ne désira quoi que ce soit autant que Dieu désire amener l’homme à le connaitre. Dieu est prêt en tout temps, mais nous sommes si peu prêts. Dieu nous est proche, mais nous sommes très loin. Dieu est à l’intérieur, mais nous sommes dehors. Dieu nous est intime, mais nous sommes étrangers. »
(Sermon allemand n° 68/3, cité par Valléjo Maître Eckhart, fin XIII-début XIV, p 27)


Nous avons beaucoup de mal à poser notre esprit devant Dieu pour l’écouter. « Arrêtez ce coureur en moi ! » disait sainte Jeanne de Chantal. Peut-être comme Adam avons-nous honte de nous retrouver face à face avec Dieu, nous avons conscience de notre petitesse, de notre rien de tout devant Lui.

Et si nous disions oui?

« Jésus dit : Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » (Marc 8, 34)

C’est exigeant, disait Maître Eckhart : « Celui qui quitte son propre vouloir et lui-même a quitté toutes choses aussi vraiment que s’il les avait eues en franche propriété et qu’il les eût à sa libre disposition. […] Veille sur toi même et là où tu te trouves, quitte-toi: c’est là le mieux de tout. »
(cité par Valléjo Maître Eckhart p 44-45)

Jean de la Croix affirmait que : « Pour arriver à être tout, veillez à n’être rien, en rien.»
(la Montée du Carmel Ch 13)

En abordant avec un esprit débarrassé de nos présuppositions sur Dieu et sur la vie, abandonnons notre volonté comme le Christ nous en a donné l’exemple:

« Me voici, Seigneur, je viens faire ta volonté. » (Hébreux 10,9).

Savourons les paroles de l’Évangile pour dire à Dieu : « Parle Seigneur, ton serviteur écoute. » (Samuel 3,9)

Enfin endossons le joug de Jésus : « Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. » (Mt 11, 29)

Robert Mc Keon, diacre

Regarde l’étoile

« Seigneur je t’aime ». Tels sont les derniers mots lumineux prononcés par le pape émérite Benoît XVI dans la nuit, avant de mourir, comme une récapitulation de toute sa vie d’homme et de chrétien, de prêtre et d’évêque, de pasteur et de théologien. La profondeur de sa contemplation et de son intelligence du Mystère de Dieu l’ont conduit à cette confession de foi et d’amour si simple et si puissante. En vous présentant tous mes vœux pour cette année 2023 je nous souhaite à tous de pouvoir dire paisiblement en toute confiance ces mots, maintenant et à l’heure de notre mort : « Seigneur je t’aime ».

En rendant grâce pour la vie et l’œuvre de Joseph Ratzinger me reviennent aussi ces paroles entendues au Collège des Bernardins qu’il est venu inaugurer le 12 septembre 2008 : « La Parole de Dieu nous rend attentifs les uns aux autres ». Quel beau programme pour cette nouvelle année qui s’ouvre ! Par la prière et par la formation, nous voulons nous mettre davantage à l’écoute de la Parole vivante de Dieu et devenir toujours plus serviteurs de nos frères et sœurs dans la charité et la mission pour annoncer l’Evangile. Le lancement d’Hiver solidaire depuis quelques jours nous en donne une belle occasion. La semaine des curieux, du 25 mars au 10 avril, oriente déjà nos cœurs par la prière et l’engagement. Le pèlerinage à Lourdes du 30 avril au 3 mai, ainsi que la sortie paroissiale à Royaumont sur les pas de saint Louis le samedi 3 juin constituent aussi des étoiles qui guident nos pas en ce début d’année.

« Les savants de l’Orient sont un commencement, ils représentent la mise en route de l’humanité vers le Christ, ils inaugurent une procession qui parcourt l’histoire tout entière. Ils ne représentent pas seulement les personnes qui ont trouvé le chemin jusqu’au Christ. Ils représentent l’attente intérieure de l’esprit humain (…). On peut parler si l’on veut d’une espèce de tournant anthropologique : l’homme adopté par Dieu – comme on le voit ici dans le Fils unique – est plus grand que toutes les puissances du monde matériel et plus encore que l’univers tout entier » (Joseph Ratzinger Benoît XVI, L’enfance de Jésus, p. 136-137 et 144).

Belle et sainte année à tous !

Père Jean-Baptiste Arnaud, curé